Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 51.djvu/427

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


I

Au printemps de 1917, la Chine avait rompu toutes relations diplomatiques avec les deux Empires centraux ; les ministres d’Allemagne et d’Autriche-Hongrie avaient reçu leurs passeports et quitté le territoire chinois, des mesures avaient été prises contre les navires allemands et austro-hongrois, contre les banques, les établissements et les œuvres de propagande des deux pays. Mais plusieurs mois encore devaient s’écouler, des dissentiments graves entre les divers partis de la République devaient être apaisés, une tentative insensée de restauration de la dynastie mandchoue devait être repoussée et vaincue avant que la rupture diplomatique du mois de mars 1917 aboutit à la déclaration de guerre contre les Empires germaniques.

C’est la sage fermeté et constance du général Touan, président du Conseil, et des républicains modérés groupés autour de lui, c’est aussi l’influence des gouvernements alliés, des États-Unis, du Japon, de la Grande-Bretagne et de la France qui, dans la crise périlleuse de mars à août 1917, détournèrent la Chine des perfides conseils et intrigues par lesquels les agents ou complices de la coalition ennemie essayaient de l’entraver ou de la corrompre. La politique si résolue et désintéressée du Président Wilson, l’altitude franchement amicale et persuasive du Japon, l’assistance opportune et éclairée des gouvernements français et anglais, en encourageant l’action énergique du général Touan, maintinrent le gouvernement chinois dans la voie où il s’était dès le principe engagé et le lièrent plus étroitement au faisceau des Alliés. Le lendemain même du jour où le coup d’Etat éphémère du général Tchang-hiun était annulé par la prompte résistance du général Touan et où le vice-président de la République, le général Fong-kouo-chang, s’installait au palais de la présidence, le 14 août 1917, la déclaration de guerre de la Chine à l’Allemagne fut officiellement proclamée et notifiée aux Puissances.

La Chine était désormais l’alliée des États-Unis et du Japon, comme des grandes Puissances de l’Entente. Le territoire chinois était interdit aux tentatives et entreprises du souverain au gantelet de fer qui avait, vingt ans auparavant, jeté à Kiao-tcheou, sur le bord oriental du Chan-long, les premières