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aucun personnage marquant et se confondaient presque avec les Octobristes. Parmi les libéraux modérés, on remarquait Mme Stakhovitch et Lvoff (qu’il ne faut pas confondre avec le prince Lvoff). Le « Kolo » polonais avait à sa tête M. Dmovski, chef du parti polonais national-démocrate, qui joue encore aujourd’hui un rôle important dans la politique de son pays, et l’évêque de Vilna, baron Kopp, tous les deux orateurs de premier ordre. Enfin le parti travailliste était dirigé par M. Aladiine, orateur fougueux et se piquant d’une certaine élégance (il paraissait à la Douma avec une fleur rouge à la boutonnière) qui le distinguait de la masse grise des paysans qui formaient la grande majorité de son parti.

On sait que le Conseil de l’Empire, — qui sous l’ancien régime, constituait une espèce de Conseil d’Etat où s’élaboraient les projets de lois et où se discutaient les mesures de politique intérieure les plus importantes soumises ensuite à la décision de l’Empereur, — avait été transformé en Chambre Haute composée, en nombre égal, de membres nommés par l’Empereur et de membres élus ; les membres nommés, quoique devant être confirmés au commencement de chaque année par l’Empereur, siégeaient à vie. Ce groupe comprenait presque exclusivement des bureaucrates ayant occupé de hautes fonctions dans la hiérarchie civile et militaire : anciens ministres d’Etat, gouverneurs généraux, commandants de corps d’armée, ambassadeurs, juges suprêmes, etc. Les membres élus étaient désignés pour un terme de neuf ans par le haut clergé, les assemblées de la noblesse, l’Académie des sciences et les Universités, les comités de commerce, les comités de Bourses, l’industrie et enfin, — ceux-ci les plus nombreux, — par les zemstvos, dans les parties-de l’Empire où existaient ces assemblées, et partout ailleurs (en Pologne, Lithuanie, dans les provinces de l’Ouest, Provinces Baltiques, etc.), par les propriétaires fonciers.

Par sa composition, le Conseil de l’Empire était donc une assemblée plus moderne que mainte Chambre Haute dans les pays constitutionnels européens, par exemple la Chambre des Lords ou le Sénat italien. Malgré mon peu de sympathie pour la bureaucratie russe, je dois reconnaître que parmi ses membres nommés il y avait un nombre considérable d’hommes d’une haute valeur et d’une grande compétence ; plusieurs de