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sera la situation de l’Autriche après qu’elle aura subi la manière insolente dont le roi de Prusse vient de déchirer le traité de Prague et de prendre le vieux litre des Habsbourg ? Comment défendrez-vous ses Allemands contre l’attraction germanique et ses Slaves contre l’attraction slave ? La France seule pouvait, maintenant que l’Italie n’est plus entre elle et vous, être votre alliée fidèle, constante, loyale, des bons et des mauvais jours. Tous chez nous pensaient de même à votre égard et vous nous avez abandonnés après tant de promesses de concours ! Excusez ce cri de douleur et croyez à mes sentiments de haute considération.


A Ernest Ollivier.

Moncalieri, 21 décembre 1870.

Il me semble qu’en Italie l’opinion s’est modifiée. J’ai lu l’autre jour dans la Perseveranza un article admirable en notre faveur. Au moment où, dans notre malheureuse patrie, les écrivains officiels et officieux, aveuglés par la haine de parti, affaiblissent celle juste cause par des capitulations diplomatiques plus humiliantes que les capitulations militaires, j’ai été touché de trouver dans un écrivain étranger une appréciation si éclairée de la vérité des faits. Ni l’Empereur, ni son ministère n’ont cherché la guerre ; la Prusse seule l’a voulue, provoquée, après l’avoir longuement préméditée. C’est pour nous y obliger qu’elle a organisé la candidature Hohenzollern avec le mystère d’un complot, et, cette candidature écartée sans qu’elle y eut contribué en rien, elle a commis envers nous un de ces actes qu’aucune nation n’a jamais supportés sans signer sa déchéance morale et politique.

Lorsque nous avons été surpris par cette agression, nous opérions à l’intérieur une transformation sans précédent dans notre histoire ; à l’extérieur, nous cherchions à apaiser les dissentiments et à donner à la paix la garantie d’un désarmement. Si l’Empereur et le ministère avaient voulu des prétextes, est ce qu’ils en manquaient ? Est-ce qu’ils avaient besoin d’attendre la candidature Hohenzollern ? L’affaire des Danois du Sleswig n’offrait-elle pas plus qu’un prétexte de guerre ? Quant à moi, après avoir pendant douze ans soutenu le droit des nationalités et condamné toutes les ambitions sur le Rhin, je