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vu de mitrailleuses et qu’ils n’avaient pas assez lancé de grenades. Beaucoup se sont blessés eux-mêmes avec ces engins (rapport du commandant G.).


Le document précédent n’est pas dépourvu de pittoresque. Il démontre, en tout cas, le degré d’inexpérience et la jeunesse d’une troupe menée en cet état, dans la bagarre terrible de Douaumont et y ayant telle attitude qu’on voudra, hormis la fuite.

Quelques précisions encore.


Au 24 octobre (1916), dit un autre rapport, l’instruction [du…" bataillon] n’avait pu être très améliorée. Il ne savait encore se servir ni de mitrailleuses, ni de fusils-mitrailleuses, ni de grenades…

Ces troupes étaient des troupes de dépôt et avaient été employées comme travailleurs dans le secteur du groupement jusqu’au début d’octobre, Dans ces conditions, il n’était point prudent de les engager en première ligne, Aussi le commandement résolut-il de les mettre en deuxième ligne. C’est donc dans cette situation que les bataillons furent engagés In 24 octobre.

Au moment de l’attaque, les compagnies sénégalaises sont sorties des parallèles de départ sans hésitation, avec beaucoup d’entrain et de courage, à l’admiration de tous les chefs qui les ont commandées. L’une d’entre elles, même, la compagnie D. s’est lancée à l’assaut en première ligne dans des conditions particulièrement difficiles. Le signal de l’attaque venait d’être donné, le 4e bataillon du régiment d’infanterie coloniale du Maroc[1] auquel était rattachée la compagnie D. sortait de la parallèle, lorsqu’il fut assailli par des feux très violents de mousqueterie et de mitrailleuses. Un instant d’hésitation se produit dans la ligne. Le commandant M. et les officiers des compagnies poussent les hommes en avant, aidés de quelques gradés et hommes de troupes magnifiques de courage. Les deux compagnies de tête du bataillon se reportent en avant. Mais un trou s’est produit dans la ligne : un groupe ennemi s’est glissé à la faveur du brouillard dans le centre du bataillon. La compagnie sénégalaise D. n’hésite pas. Elle se précipite en avant, attaquant ainsi en première ligne. Grâce à sa courageuse intervention, la résistance allemande est brisée après un corps à corps acharné.

Ce magnifique élan des Sénégalais ne devait pas se ralentir pendant la progression. Partout, ils font preuve de beaucoup d’allant et

  1. Le régiment qui, de toute l’armée française, compte le plus grand nombre de citations.