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Landtagsabgeordneten in der letzten Tagung), on ne peut que reconnaître de nouveau qu’un règlement définitif de la situation politique de la Terre d’Empire devra avoir lieu avant ou tout au moins immédiatement après la conclusion de la paix, il faut à mon avis s’abstenir d’organiser, sans nécessité absolue, des manifestations propres à empêcher le Reichstag d’approuver les mesures qu’on devra introduire plus tard. Il me semblerait bien plus indiqué de renseigner confidentiellement les représentants des États confédérés, ainsi que des personnalités qualifiées du Reichstag, sur le véritable état de choses, pour les préserver de l’illusion qu’après la guerre le maintien des conditions actuelles permettrait de créer un état d’esprit favorable à l’Allemagne et une adhésion intime au germanisme. »

Si le Statthaller dénonçait ainsi les sentiments français de la majorité du Landtag, pourquoi celui-ci devait-il, aux yeux du gouvernement français, être responsable de l’initiative prise par M. Rîcklin ? Fallait-il faire porter à tous la faute d’un seul ? Contre l’injustice de ces jugements sommaires, qui ne tiennent pas compte des circonstances, l’opinion de l’Alsace et de la Lorraine s’est maintes fois élevée. « Qu’on ne s’acharne pas, dit-elle, à sonder nos reins et nos cœurs à une époque où nous étions livrés à nous-mêmes. Si on veut fouiller cette époque, qu’on le fasse au moins pour y trouver les beaux gestes, qui sont innombrables, et qu’on ignore les faiblesses qui étaient inévitables… Qu’on ait confiance en nous, nous avons mérité cette confiance et nous en sommes dignes »[1].


II

C’est seulement au moment de sombrer sous ses défaites et sous la défection de ses alliés que l’Empire se résigna à accorder l’autonomie à l’Alsace-Lorraine. Le 5 octobre 1918, le nouveau chancelier, le prince Max de Bade, en exposant son programme au Reichstag, déclarait que « l’Empire est essentiellement un État fédéral, dont chaque membre détermine en toute indépendance sa constitution intérieure, droit auquel l’Alsace-Lorraine, elle aussi, peut prétendre d’une façon absolue. » Déjà on annonçait, dans les couloirs, que la Terre d’Empire

  1. Journal d’Alsace-Lorraine, 30 mars 1919.