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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/539

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pas un particulier que la guerre n’ait enrichi. La dette extérieure allemande est, de toutes les dettes des belligérants, celle qui s’est le moins accrue. Les usines ont travaillé pendant la guerre et ont accumulé des stocks considérables. En un mot, l’Allemagne économique est prête à « repartir » et, certainement, elle a de l’avance sur plusieurs de ses concurrents anciens, la France, la Belgique, la Pologne, l’Autriche, la Russie, l’Italie.

Ajoutons que la guerre elle-même, malgré les maux qui l’accompagnent d’ordinaire, paraît avoir présenté, pour l’Allemagne du travail, de réels avantages. Sa population s’est habituée à vivre de peu, à tirer de son sol une bonne partie des produits qu’auparavant elle faisait venir de l’étranger ; elle s’est ingéniée, dans la période du blocus, à découvrir des procédés nouveaux, notamment en ce qui concerne la chimie des engrais, procédés qui, peut-être, lui permettront d’aborder demain certaines concurrences dans des conditions dont le monde sera surpris.

Il est vrai, ces avantages (tout relatifs, d’ailleurs, car il ne faut rien exagérer) sont handicapés par la perte de plusieurs provinces laborieuses et fertiles, — en premier lieu, l’Alsace-Lorraine, — par la nécessité présente de reconstituer le stock des matières premières, d’améliorer le change, de parer au déficit des moyens de transport maritime, de forcer la porte de l’hostilité universelle fermée au producteur et au marchand allemand. Enfin et surtout, l’Allemagne économique est obligée, si elle veut rentrer dans le concert des grandes affaires mondiales, de supporter le fardeau de ces dettes de la réparation dont sa folie destructrice l’a rendue responsable.

Considérant cette situation dans son ensemble, les Puissances ont pensé sans doute qu’une Allemagne unie, présentait, comme on dit, une surface qui seule permettait d’asseoir les combinaisons financières nécessaires pour garantir le paiement des indemnités. Elles ont donc laissé l’Allemagne économique debout.

Mais, il faut bien reconnaître que, malgré toutes les précautions prises au traité, l’unité économique allemande peut prendre, à bref délai, le caractère d’un impérialisme économique. L’histoire de l’Europe sait que le Zollverein est, au milieu de l’Europe, une puissance redoutable. L’Allemagne,