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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/679

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industrie, nous risquons de tarir les sources mêmes de l’activité nationale : car il ne faut pas oublier que beaucoup d’objets importés servent à nos industriels à préparer leurs exportations. C’est ainsi qu’une de nos principales fabriques d’automobiles a besoin, pour terminer ses voitures, de certaines pièces qu’elle ne peut se procurer en France. On les a frappées de droits douaniers si forts qu’elle sera obligée d’élever ses prix de vente à un niveau tel qu’elle devra peut-être renoncer à vendre au dehors. Elle perdra sa clientèle, et le pays des sommes importantes qui eussent amélioré le change.

La politique à suivre a été résumée par un ministre anglais, Sir Auckland Geddes. Des industriels se plaignaient que les États-Unis importassent en Grande-Bretagne du fer, qu’ils livrent à 100 francs de moins par tonne que les métallurgistes du Royaume-Uni. Sir Auckland leur répondit qu’il ne ferait rien pour s’y opposer, « le pays ayant besoin de quantités de fer et d’acier qui dépassent de beaucoup ce que les usines indigènes sont en mesure de lui fournir. »

Mais pour supporter la liberté il faut être fort. Si nous voulons acheter à l’étranger, il est nécessaire que nous lui vendions. Et pour cela il faut que le goût du travail ne diminue pas chez les Français et que des législateurs imprévoyants ne poussent pas les ouvriers à restreindre leur puissance et même leur volonté de production. C’est ce que le ministre du commerce anglais exprimait éloquemment lorsqu’il engageait les ouvriers à chasser, une fois pour toutes, de leur esprit l’idée « fatale et paralysante » de la limitation de production.

Le troisième remède est la limitation des attributions de l’Etat à ses fonctions, qui se résument en un programme très simple : assurer le libre exercice de l’activité des citoyens, les protéger contre toute attaque venue du dehors et de l’intérieur. En lui retirant les tâches qu’il a assumées au cours de la guerre, et dont il s’acquitte avec l’imperfection que l’on sait, nous supprimerons une des causes les plus néfastes de la vie chère.

Le quatrième remède consistera à purifier la circulation monétaire, à réduire l’inflation, à mettre de l’ordre dans le budget. Si nous exécutons ce programme, nous viendrons à bout des difficultés de l’heure présente. Les hauts prix dont nous avons montré les dangers ont un bon côté ; ils stimulent