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Dans un ordre d’idées voisin, je ne saurais passer sous silence les beaux résultats obtenus depuis la guerre dans le problème du vol des avions aux hautes altitudes. Ces résultats sont dus pour une large part aux travaux d’un Français, l’éminent ingénieur Râteau que l’Académie des Sciences a récemment élu.

En temps de guerre, l’intérêt qu’il y avait pour les avions à pouvoir voler aussi haut que possible était évident ! On assurait mieux ainsi l’invisibilité de l’avion, son invulnérabilité aux tirs de défense. En outre, dans le combat d’avion contre avion ou aéronef, il est clair que l’avantage était nettement du côté de l’engin qui pouvait survoler son adversaire sans subir le même risque. Enfin, il y avait un autre avantage très grand (et qui subsiste dans l’aviation de paix), à pouvoir voler très haut : c’est que plus un avion vole haut, plus le rayon dans lequel il peut atterrir ou amérir par vol plané en cas de panne, d’arrêt du moteur, est étendu. D’où augmentation considérable de la sécurité et de l’élasticité d’emploi de l’avion.

Mais ce n’est pas tout et voici l’essentiel : en s’élevant dans l’atmosplièie la densité de l’air diminue assez vite, et partant la résistance de l’air. J’ai déjà indiqué ici même des chiffres édifiants à cet égard. La diminution de la résistance de l’air avec l’altitude est précisément le phénomène qui, utilisé par les Allemands, leur a permis de réaliser les portées énormes et presque incroyables… un moment, des canons qui bombardèrent Paris. Eh bien ! l’avion n’est lui aussi qu’un projectile traversant l’air, et de même qu’aux hautes altitudes et à vitesse initiale égale un obus va bien plus vite, bien plus loin, bien plus longtemps, de même fera l’avion. Autrement dit et toutes cJioses égales d’ailleurs, un avion aura une vitesse et partant un rayon utile considérablement augmenté s’il peut voler très haut, et plus il pourra voler haut, plus il en sera ainsi. Ceci montre d’abord que les « records » d’altitude que se disputent en ce moment les aviateurs n’ont pas seulement un intérêt purement sportif, mais qu’il s’y attache aussi des conséquences extrêmement pratiques. Mais pour que l’augmentation de vitesse d’un avion avec l’altitude soit possible, il faut, comme je le disais, que toutes choses soient égales d’ailleurs ; c’est-à-dire il faut que les moteurs marchent à même rendement. Or, il n’en est pas ainsi.

Tout d’abord, la force portante de l’air, la poussée sustentatrice diminue elle aussi avec l’altitude puisqu’elle est précisément fonc-