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tout le problème est de l’y comprimer a une pression et à une température qui soient à peu près celle de l’air au niveau du sol, et qui, par conséquent, assurent au moteur des conditions de fonctionnement constantes et indépendantes de l’altitude.

Rien n’est plus facile, et le pilote varie à volonté la vitesse du turbo-compresseur simplement par le jeu d’une simple vanne qui y admet une proportion plus ou moins grande des gaz d’échappement du moteur. A chaque altitude (donnée par le baromètre) correspond un degré d’ouverture de cette vanne, et on conçoit même que le dispositif puisse être rendu absolument automatique.

J’ajoute que l’air aspiré étant assez fortement échauffé par sa compression dans le turbo-moteur (on sait que la compression échauffe les gaz) on le fait passer par un radiateur qui le ramène à la température normale et qui est placé sur la tubulure conduisant l’air comprimé du turbo-compresseur au moteur.

Il va sans dire que la réalisation pratique de ce dispositif a été délicate ; elle a nécessité beaucoup d’ingéniosité pour aboutir à des organes suffisamment légers. En particulier il a fallu utiliser des métaux spéciaux pour que la turbine pût résister à la très haute température des gaz d’échappement qui la font tourner.

Les résultats obtenus n’ont pas déçu les espérances. Non seulement le turbo-compresseur assure le vol aux hautes altitudes, mais il permet, — par une conséquence qu’on entrevoit immédiatement, — de les atteindre beaucoup plus vite. C’est ainsi qu’un avion donné monte en 20 minutes à 5 000 mètres avec le turbocompresseur alors qu’il lui fallait auparavant 30 minutes.

La « suralimentation » aérienne des moteurs d’avion aux hautes altitudes ouvre de vastes espoirs à la navigation aérienne et non pas seulement aux avions, mais aussi aux dirigeables, car il est clair que tout ce qui vient d’être dit des moteurs d’avions, s’applique également à ceux des ballons. C’est, en tout cas, grâce au turbo-moteur que nous pouvons espérer de voir bietitôt des avions dépasser aux. hautes altitudes toutes les vitesses connues, et atteindre avant longtemps, sans doute, des vitesses de 500 kilomètres à l’heure. Ce jour-là la traversée aérienne des océans ne sera plus qu’un jeu ; un jeu aussi le tour du monde tout entier et qui, à cette allure, se fera, sous nos latitudes, non plus en 80 jours mais en 80 heures.

Et puisque, par la pensée, — qui reste, en dépit de tout, le plus