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léger et le plus rapide des aéronefs, — nous sommes dans les hautes régions de l’atmosphère, je voudrais indiquer brièvement comment la météorologie a apporté aussi une aide précieuse à la technique militaire, qui, — par un choc en retour assez fréquent en ces matières, — a suggéré des progrès météorologiques importants.

L’artillerie d’abord a dû des progrès importants de son tir à la météorologie : la trajectoire des obus dépend essentiellement de la température, de la densité des diverses couches d’air et de la vitesse des vents qui y régnent. Des différences de plusieurs hectomètres en portée et en direction peuvent être produites par ces causes si on n’en tient pas compte. Mais il y a plus. On sait que dans les obus fusants le départ du coup allume un petit cordon de poudre situé dans la fusée et de telle sorte qu’il provoque l’éclatement de l’obus à une distance donnée du canon. Or ce petit cordon de poudre brûle plus ou moins vite suivant la pression barométrique. Il peut se produire de ce fait des écarts de portée dépassant un kilomètre entre la distance pour laquelle l’obus a été débouché et celle où il éclate réellement. Enfin, la vitesse initiale de l’obus, produite, comme on sait, par la combustion de la charge de poudre propulsive, dépend essentiellement de la température ambiante.

Pour toutes ces raisons, et en ce qui concerne l’aviation il y avait des raisons analogues, la connaissance continue des éléments météorologiques a été une des nécessités les plus nettes de la dernière guerre. En ce qui concerne la température, la pression, l’humidité dans les diverses couches de l’atmosphère, on a opéré classiquement par des sondages aérologiques faits notamment au moyen de ballons captifs ou de cerf-volants portant des baromètres et thermomètres inscripteurs.

Pour le vent, l’importance des déterminations est plus grande encore, d’abord parce que le vent agit énormément sur la portée de la direction des trajectoires de tir, ensuite parce qu’il est l’élément fondamental dont la connaissance est nécessaire à l’aviation. Les vents d’intensité suffisante pour doubler ou au contraire annuler la vitesse normale d’un avion par rapport au sol ne sont pas rares aux altitudes moyennes.

Pour déterminer le vent à un instant donné dans les diverses couches de l’atmosphère, on a beaucoup utilisé les ballons pilotes. Ce sont de petits ballonnets en caoutchouc ou en papier gonflés à l’hydrogène et de telle sorte que leur force ascensionnelle soit d’une valeur donnée. On lâche le ballon pilote à un instant convenu.