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tour de la girouette anémométrique, de connaître au sol la vitesse de cette girouette. Ce procédé a été ingénieusement perfectionné par M. Rothé, aujourd’hui professeur à l’Université de Strasbourg. Le perfectionnement a pour effet de supprimer un des deux fils électriques du câble. L’invention de M. Rothé consiste à employer, pour transmettre au sol les indications de l’anémomètre, non plus un courant électrique, mais les ondes de la T.S.F. À chaque tour l’anémomètre, par un contact électrique, émet une étincelle hertzienne dont les ondes sont transmises au sol par le fil unique du câble de retenue jouant le rôle d’antenne.

Enfin, un procédé fort curieux a été employé par notre armée, qui permet les sondages jusqu’à des altitudes bien supérieures à celles des méthodes précédentes, et qui est utilisable par tous les temps, et de jour et de nuit. Ce procédé, qui a été décrit tout récemment à l’Académie des Sciences par le général Bourgeois, directeur du Service géographique de l’armée, constitue une ingénieuse application du repérage par le son. On se souvient de la description sommaire que j’ai faite ici de cette invention française qui permet de repérer les canons au moyen des observations du son faites en trois stations, par les recoupements des hyperboles construits sur la carte au moyen de ces observations.

Eh ! bien, de même qu’on peut repérer par le son la position et la direction d’un canon invisible, de même on peut repérer par le son la position dans l’espace d’un ballonnet portant des pétards qui éclatent à des intervalles de temps convenables.

La trajectoire du ballonnet est ainsi déterminée et jalonnée dans l’atmosphère par les observations sonores et on en déduit facilement la vitesse et la direction du vent à toutes les altitudes franchies par le ballon. Les résultats obtenus par ce procédé ont été précieux et sont riches d’avenir.

Ainsi le repérage par le son, cette invention française dont l’histoire étrange sera écrite quelque jour et qui, sans être tombée du ciel, a dû peut-être son origine à l’astronomie, remonte en quelque sorte à son point de départ. Et par elle l’étude du ciel, du moins de ce petit ciel bas où ne règne qu’Éole, pourra faire quelque progrès.

Charles Nordmann.