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Ni même tout ton corps flexible et vigoureux.
Nous ne sommes qu’un peu de cendre, et tu reposes,
Toi qui connus l’orgueil de mourir au grand jour,
Sous un tertre au soleil que couronnent des roses.
Mais dans le désespoir de mon immense amour
Je cherche les débris de ton intelligence.
Je voudrais retrouver sa flamme et retenir
Tout ce qu’elle enfermait de joie et de science
Pour embraser le cœur des hommes à venir.
Hélas, elle n’est plus, et — tristesse suprême —
Ne s’était pas encor révélée à toi-même.


SAGESSE


Ne porte ni fruits mûrs, ni vase blanc de lait.
Sur la tombe légère où ton amant repose,
Mais plante un vert rosier qui laisse, rose à rose,
Défaillir ses parfums dans le soir violet.
Il lui rappellera ton amour, et la grâce
De ses frêles rameaux tes bras liants et doux ;
Ses épines diront qu’il eut le cœur jaloux,
Ses frais pétales nus ta jeunesse qui passe.


ANDRÉ LAMANDÉ.