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LA PREMIÈRE
RÉPUBLIQUE BOLCHÉVISTE

Selon toute vraisemblance, le bolchevisme approche du terme de son éphémère existence. Ceux qui l’ont implanté en Russie et qui comptaient l’imposer à l’Europe d’abord, au reste du monde ensuite, déploient toute leur énergie pour retarder la fin de cette sinistre expérience, mais ils ne peuvent avoir d’illusions sur le sort de leurs idées économiques, financières et sociales. Fatalement, Lénine et Trotsky devaient échouer parce qu’ils ont voulu violenter la nature même de l’être humain. Le communisme a toujours été considéré comme une chimère. Or, les promoteurs du bolchevisme ont été tellement au delà du communisme qu’ils sombrent dans le sang, et que l’application de leurs doctrines restera pour l’humanité un de ses plus lamentables souvenirs.

On ne connaît qu’imparfaitement la part prise en Russie par les Orientaux, et surtout par les Chinois, au drame qui s’achève. Cependant, on ne saurait douter qu’elle ne soit importante. Si les Célestes ne jouent pas les premiers rôles, ils tiennent les seconds et il n’est pas téméraire de prétendre que leur actif concours prolonge la carrière du bolchevisme.

Ceux qui ont voyagé en Chine ou qui ont vécu à l’étranger dans l’intimité des Célestes ne sauraient s’en étonner. Ils savent, en effet, combien le communisme est cher aux fils de la République du Milieu qui le pratiquaient même sous leurs souverains les plus despotiques. Les Chinois, qui se trouvaient en Russie lorsque le bolchevisme y apparut, ne pouvaient donc que suivre avec intérêt cette application de théories qui leur étaient familières, et même y prendre volontiers une part