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retrouvons à l’heure actuelle le port de Strasbourg inachevé. Les difficultés qui s’opposaient à la navigation diminuèrent dès le début des travaux. Les résultats les plus favorables ont été acquis en 1911, année où la sécheresse fut exceptionnelle » Depuis, la navigation vers la cité alsacienne a été incessante.

L’augmentation du trafic marche de pair avec les améliorations apportées à la voie fluviale. Au cours des années 1911, 1912, 191,3, ce trafic a atteint successivement 1 089 200, puis 1 668 600, et enfin 1 989 000 tonnes, accusant en 1912 une augmentation de 53 pour 100 sur 1911. Ce sont surtout les arrivages qui donnent le chiffre le plus important, mais les expéditions suivent une progression encore plus marquante : de 63 600 en 1911, elles passent à 150 000 en 1912 et à 333 000 en 1913.

Toutes les entreprises de navigation du port de Mannheim étendent leurs services jusqu’à Strasbourg, à l’exception toutefois des services de voyageurs. Les lignes desservant les ports de mer et les places rhénanes sont donc à la disposition du commerce strasbourgeois ; on ne doit pas s’étonner dans ces conditions que le mouvement du port alsacien ait atteint en 1913, y compris les canaux, 2 700 000 tonnes.

Ainsi, son avenir tient à trois facteurs différents : le Rhin, les canaux, et les ouvrages du port proprement dits. Examinons successivement ces trois points.


LE PROGRAMME D’AMÉNAGEMENT DU RHIN

Maintenant que le Rhin est redevenu français, et que nous avons à prévoir son utilisation économique, il est intéressant de mettre en lumière les services que le grand fleuve rendait, avant la guerre, au commerce allemand. De tout temps, ses eaux vertes ont été la barrière qui séparait la barbarie de la civilisation latine ; il a toujours été considéré comme un symbole de suprématie, donnant à la nation victorieuse des garanties de sécurité. Par le traité de Francfort, le Rhin cessa son rôle de frontière, et les Allemands en firent une voie de pénétration commerciale très importante, malgré les difficultés nombreuses que présentait le fleuve, peu accessible à la navigation.

Il n’est guère de voie naturelle, en effet, qui se prête aussi