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mal à une exploitation régulière. Dès son entrée en Allemagne, le Rhin prend l’aspect d’un fleuve de montagne, aux eaux torrentueuses ou très basses, suivant la saison. A Mannheim, où il rencontre de nombreux affluents, son importance s’accentue, mais la rapidité du courant désagrège la rivière, qui forme des dépôts de sable et de gravier ; d’où la nécessité de continuels travaux de dragage. Dans la plaine d’Alsace, dans les Vosges et dans la Forêt Noire, des efforts considérables ont été faits pour ramener le fleuve à un lit plus régulier. Ces efforts, en même temps, ont accentué la pente moyenne du courant. Enfin des ponts et des ouvrages d’art séculaires entravent la navigation, surtout au moment des grandes eaux.

En résumé, sauf dans sa partie aval, le Rhin n’a jamais été facilement exploitable. Les nombreuses légendes du moyen âge sur les odyssées souvent tragiques des voyageurs se hasardant à naviguer entre les chaînes de montagnes du Taunus, sont là pour le prouver. Il a fallu recourir à la dynamite pour faire sauter les roches fameuses de Bingen. Vers l’Alsace, les sinuosités des berges et en Suisse les rapides de Schaffhouse, étaient autant de difficultés à surmonter pour laisser le libre passage des navires vers le lac de Constance.

Mais l’homme a triomphé des embûches naturelles que le fleuve majestueux dressait devant lui sur presque tout son parcours. Continuellement, des améliorations sont apportées à son exploitation. Dans sa partie aval, le Rhin donne accès à des navires de plus en plus importants. La Suisse a créé un port à Bâle. Les rapides et les chutes du Rhin sont utilisés pour l’alimentation de puissantes centrales électriques.

Les travaux que nous venons d’énumérer soulèvent continuellement des discussions entre les organisations locales, des intérêts particuliers se trouvent lésés par l’aménagement d’un port ou la création d’un canal latéral. Quoi qu’il en soit, l’Allemagne, cherchant à augmenter de toutes façons son développement économique, s’est ingéniée à obtenir du Rhin le rendement commercial maximum. On peut dire qu’elle a en partie réussi. La navigation fonctionne régulièrement jusqu’à Strasbourg, malgré les causes de restriction du trafic : congélation du fleuve, hautes-eaux qui interrompent le service des bateaux pendant un certain temps chaque année, basses-eaux, etc..

Strasbourg marque un point intéressant de la navigation