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des pouvoirs publics sur l’intérêt national de l’entreprise, a demandé la mise immédiate au gabarit de 600 tonnes du canal entre le Rhin et la Saône, et a invité le gouvernement à signer une convention avec la Suisse, afin de ménager toutes les capacités de réserve du lac Léman, en vue de la régularisation des débits du Rhône aux basses-eaux. On prévoit pour cette entreprise une dépense de 2 500 millions, à laquelle contribueraient les collectivités intéressées : départements, villes, Chambres de commerce, et notamment la Ville de Paris, à qui on fournirait l’énergie électrique. Ce projet est d’une telle importance pour l’avenir de notre pays que nous ne doutons pas qu’il soit réalisé à bref délai. Enregistrons à ce propos les déclarations suivantes de M. Cels, sous-secrétaire d’État aux Travaux publics, qui a dit aux membres de la Chambre de commerce : « Par la réalisation de cet immense projet de l’aménagement du Rhône jusqu’à la Suisse, qui nous donnera en une sorte d’usine continue tout le long de son cours, 750 000 chevaux de force et une navigation de la mer jusqu’à la Suisse pour les bateaux de 1 200 tonnes ; par l’agrandissement du canal du Rhône au Rhin, par le Rhin devenu français, vous aurez derrière vous le réseau de navigation intérieure le plus considérable qui puisse être adjoint à un grand port : vous aurez derrière vous, par une communication facile, le champ largement ouvert sur la Suisse, l’Alsace-Lorraine et même jusqu’à la mer du Nord. »

En dehors du canal de la Marne au Rhin et de celui du Rhin à la Méditerranée, un autre réseau fluvial intéresse le port de Strasbourg ; il s’agit de l’embranchement du canal de Lorraine : celui-ci, qui s’arrête actuellement à Metz, n’avait presque pas de trafic avant la guerre ; les Allemands ne tenaient point à ce que les relations fussent suivies entre Nancy et la grande place forte de Lorraine. J’ai eu le vif plaisir de voir arriver à Metz la première péniche qui, à travers tous les réseaux fluviaux de la France, apportait des barriques de vin du Midi à la garnison. Le canal de Metz doit être approfondi au gabarit des péniches de 300 tonnes, puis poussé à travers tout le bassin minier de Lorraine jusqu’à la frontière du Luxembourg. La régularisation de la Moselle jusqu’à ce point est du plus haut intérêt pour nous, car cette artère fluviale desservira toutes les forges et hauts fourneaux du bassin de Thionville.