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Magyars, mais encore sur les forces roumaines. et serbes qui occupent le territoire hongrois ; empêcher que ces troupes d’occupation ne commettent des actes capables de surexciter le sentiment national des Magyars ; déterminer les effectifs et les emplacements des troupes roumaines et serbes, et ordonner l’évacuation des unités qui dépasseraient le nombre fixé. On ne s’amusera pas à reprendre point par point ces instructions qui, a posteriori, ont tout prévu, ni à développer, article par article, les observations qu’elles soulèvent. Mais, quand elles prescrivent aux généraux « d’effectuer le désarmement de l’armée magyare, » on se bornera à demander simplement : « Avec quoi ? » Le programme est bon, et l’objet est louable, mais le moyen ? Dans le fait, il n’y en a qu’un. Les quatre généraux n’ont qu’un sabre : l’armée roumaine, qui est à Budapest.

Le style des anathèmes et des monitoires n’est point, à l’ordinaire, édulcoré ni fleuri. Il a paru au gouvernement roumain que le ton de celui-ci était vif, pour ne pas dire désagréable ; et il y a répondu, quoique avec modération, d’une encre qui n’était pas mauvaise. Comme preuve de son désir de travailler, à Budapest et partout, d’accord avec les représentants des Puissances alliées, il annonce qu’il a prié son haut commissaire, M. Diamandy, « de se rendre à Budapest « où, grâce à l’ordre établi par la victoire de l’armée roumaine, il pourra les rencontrer. » Ainsi lancé d’une main légère, le trait était joli ; il ne faudrait pas appuyer beaucoup pour le rendre cruel, et la réponse de M. Bratiano appuie un peu. « Le gouvernement roumain, ajoute-t-il, regrette que les grands alliés aient pris en considération des accusations calomnieuses portées par un ennemi sans scrupules. Loin d’encourager le pillage, les troupes roumaines, par leur présence même, ont rétabli l’ordre et arrêté l’anarchie et la dévastation. La présence même des représentants des puissances alliées à Budapest est un témoignage de cet état de choses. « La phrase demande à être lue entre les lignes, mais l’allusion qu’elle contient n’est pas difficile à en dégager. Deux ou trois jours avant son gouvernement, le ministre de Roumanie à Paris, M. Victor Antonesco, s’était exprimé sans ambages : « En somme, l’intervention roumaine a eu l’heureux résultat de permettre aux délégués des puissances alliées et associées de rentrer à Budapest et de supprimer au centre de l’Europe un foyer de propagande bolcheviste que nos ennemis pouvaient toujours exploiter et qui était dangereux pour tuas les peuples civilisés. » Sur le fond même, M. Bratiano écrit, en outre, tout doucement : « Le gouvernement roumain