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ne pouvait pas prévoir que la conférence de la paix considérait encore comme existant l’armistice de novembre 1918, après avoir reçu d’elle l’invitation de coopérer à une action militaire contre l’armée hongroise. Il le pouvait d’autant moins, après avoir été l’objet d’une offensive générale de la part de cette armée. »

A la réponse, dont ces deux courts extraits indiquent suffisamment l’esprit, le Conseil suprême a répliqué, par la plume de M, Pichon. Car. en ce temps de vacances, Rome n’est plus dans Rome, et le Conseil suprême n’est plus qu’un Conseil supérieur. Le Président Wilson est rentré aux États-Unis, M. Lloyd George est retenu à Londres, M. Clemenceau est allé en Vendée prendre quelques jours de repos bien gagné, et M. Nitti a jugé plus prudent de ne pas trop s’éloigner de Monte-Citorio. Cependant, M. Tittoni fait un petit voyage en Belgique, M. Lansing, à son tour, ost suppléé par M. Polk ; les délégués eux-mêmes subdélèguent. Que dit néanmoins l’ombre du Conseil suprême ? Le Conseil accuse d’abord, ingénument, le coup ou du moins la piqûre. La Conférence de la paix, dit-il, sans revenir sur un certain nombre de points qui appelleraient de sa part des rectifications, enregistre avec satisfaction la déclaration du gouvernement roumain qu’il est décidé à agir, d’accord avec la politique que la Conférence fixera à l’égard de la Hongrie »

Elle interprète cette déclaration comme indiquant que la Roumanie, en sa qualité d’État participant à la Conférence de la paix, a l’intention de se conformer à ses décisions, communiquées par l’intermédiaire de la mission militaire déléguée à Budapest par le Conseil suprême. » Dans les récents événements ou incidents de Budapest, il y a des leçons pour tout le monde. La Roumanie y apprend que sa politique doit être conforme à celle des principales puissances alliées et associées. Mais, en revanche, les principales Puissances y pourront apprendre premièrement, que, pour prétendre imposer une politique, il est nécessaire d’en avoir une, et deuxièmement que pour agir quelque part, il faut y être. Là-dessus, sur le reproche muet qu’il devine, — parce que sans doute il est des heures où il se l’adresse à lui-même, ou parce que, dans le secret de leur cœur, quelques-uns de ses membres en nourrissent l’amertume contre d’autres, — le Conseil suprême se récrie : « Les directions envoyées à trois reprises par la Conférence à la mission des généraux alliés, et communiquées à Bucarest, ont défini d’une manière détaillée et explicite la politique des puissances alliées à l’égard de la Hongrie, dans la situation présente. » Dans la situation présente : M. Bratiano avait, en effet,