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C’est très exactement à minuit 10, que, sur ce front énorme, éclatait le formidable tir de l’artillerie, tandis que, l’ayant prévenu, le tir de nos pièces continuait à y répondre. L’horizon en fut embrasé, en cette nuit historique, d’une telle lueur, que les Parisiens, réveillés par le roulement sourd de ce double trommelfeuer, purent en apercevoir sur le ciel de la capitale le sanglant reflet. Ils avaient célébré la fête nationale avec une sorte de fiévreuse allégresse, comme s’ils eussent été secrètement avertis que le « jour de gloire était arrivé. » Et voici que, pour clore la fête, un feu d’artifice sans précédent s’allumait


CARTE


à l’Orient, d’où, avant longtemps, la Victoire s’allait dresser en apothéose.

Sur le front de la 4e armée, nous le savons déjà, tout était prêt pour recevoir l’attaque d’infanterie. Le scénario que le Grand Quartier français avait préparé et que Pétain avait fait agréer à Gouraud, s’appliquait avec une perfection qui devait couvrir de gloire le chef de la 4e armée, son état-major, ses services et toute son armée.

La première position, — notamment la région des Monts, — était abandonnée, sauf par les détachements avancés chargés, nous le savons, de renseigner sur la marche de l’ennemi et de la dissocier par le tir de leurs mitrailleuses ; la position intermédiaire