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Mais, au centre, l’attaque, plus violente encore, avait creusé jusqu’à La Chapelle Monthodon et Saint-Aignan une poche, profonde de plus d’une lieue, au delà de la Marne et l’ennemi, en fin de journée, avait réussi à s’y maintenir. Nous savons déjà que, sur le front de la 5e armée, il avait pu, sur la rive gauche, occuper, plus à l’Est, Comblisy, Nesle-le-Repons et Mareuil-le-Port, ce qui constituait, au Sud du fleuve, une forte avancée, large de 15 kilomètres, profonde de 5, tandis que, plus au Nord, la Montagne de Reims était, sur ses pentes occidentales, de toutes parts abordée et, sur certains points, pénétrée.

A la vérité, ces résultats ne parurent point se développer de façon très notable-dans les journées du 16 et du 17. L’ennemi poussait cependant, vers le Sud de la Marne, comme sur la Montagne de Reims, des troupes fraîches, mais cette poussée n’obtenait guère d’effet que sur certains points du massif attaqué. Dans le bois de Courton, une violente attaque, d’abord repoussée, fut suivie d’un combat fort âpre et d’une avance, — au vrai, fort peu sensible, — de l’ennemi. Sur la Marne, celui-ci avait un peu élargi ses positions par la prise de Reuil-sur-Marne, ce qui n’était pas sans danger pour nous, car, l’attaque étant brisée au Nord de Châlons, l’Allemand pouvait encore essayer, par la manœuvre sur Epernay, de tourner par le Sud la Montagne de Reims. Mais, au delà du fleuve lui-même, loin de progresser, l’ennemi se heurtait à une assez vive réaction. Nos contre-attaques se rencontrant avec ses nouveaux assauts, il en résultait de violents corps à corps ; ils ne tournaient pas à l’avantage de l’Allemand qui, le 16, perdait La Chapelle Montholon et Saint-Aignan.

Le 17, il allait se trouver en face d’une nouvelle armée française : le général de Mitry, brusquement transporté de Flandre en Ile-de-France, était chargé, à la tête d’une « 9e armée, » de prendre à son compte les opérations au Sud de la Marne avec la mission de s’opposer à la marche des Allemands sur Epernay d’une part, de déclencher, d’autre part, sur les positions conquises une vive contre -attaque susceptible de rejeter l’ennemi dans la Marne. En réalité, ce n’était là qu’une des parties de la contre-offensive de grande envergure qui s’allait déchaîner sur tout le flanc de l’adversaire.