Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 53.djvu/297

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La 5e armée fut attaquée, le 15, à 4 h. 30 du matin, entre Prunay et Saint Léonard, entre Saint-Euphraise (sur le flanc du Mont de Bligny) et Dormans. L’Allemand comptait bien encercler la Montagne de Reims qui, assaillie sur ses avancées occidentales, serait tournée au Sud par l’attaque ultérieure, — la Marne ayant été franchie largement, — sur Ay et Epernay. On donnerait alors la main aux troupes allemandes qui, ayant bousculé l’armée Gouraud, déboucheraient de Châlons.

L’ennemi fit immédiatement des progrès à peu près sur toute la ligne attaquée ; tandis que le fort de la Pompelle, à l’Est de Reims, était emporté, le Mont de Bligny était en partie enlevé et la Marne traversée, sur le front de l’armée Berthelot, entre Verneuil et Dormans. Dans la vallée de l’Ardre confiée au corps italien, — voie de pénétration dans la Montagne de Reims, — à Marfaux et en direction de Belval sous Chatillon, l’irruption avait été si brusque que, la deuxième position emportée, l’artillerie de la défense était tombée en partie aux mains de l’ennemi : celui-ci avait alors fait vers les pentes des progrès faciles et des plus menaçants. En fin de journée, la ligne était, du Nord au Sud, jalonnée, sur le front de la 5e armée, par Vrigny, l’Est de Saint-Euphraise, Courmas, Pourcy, La Poterie, Grandpré, la ferme des Savarts, Tincourt, Reuil-sur-Marne, Louvrigny, Nesle-le-Repons et Comblisy à 5 kilomètres au Sud de la Marne.

Le fleuve était d’ailleurs franchi sur un très large secteur, car la droite de la 6e armée avait dû également, de Dormans à Gland, céder le passage à une brusque irruption. Sous la protection de ses batteries, l’ennemi avait, à trois heures du matin, commencé à traverser l’eau de Gland à Verneuil sur des bateaux d’abord, puis sur les ponts construits par ses pionniers. Les avant-gardes avaient gagné la ligne de départ, fixée pour l’attaque générale, à quelques centaines de mètres au sud de la rivière, aux environs de la voie ferrée Paris-Châlons.

L’assaut s’était déclenché à 4 h. 50 contre les hauteurs de la rive gauche où était établie la droite de l’armée Degoutte. Nos troupes avaient résisté énergiquement à la progression de l’ennemi et lui avaient infligé des pertes considérables. Ayant atteint, à sa droite, la ligne Crézancy-Fossoy, l’Allemand en avait été rejeté vers midi sur la voie ferrée par une vigoureuse contre-attaque des Américains.