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sans rencontrer de résistance sérieuse, l’armée Degoutte avait balayé l’ennemi jusqu’à la ligne Marizy, Saint-Mard (Est de Troesnes), Mounes, Chevillon, Torcy, Belleau. Dans l’après-midi, la droite continuait à progresser, enlevant Licy Clignon et Courchamps et arrêtée seulement à un kilomètre de Neuilly-Saint-Front. Le front atteint le soir courait de Belleau à Bouresches par l’Ouest de Neuilly-Saint-Front, Courchamps, Torcy et Giery. Les deux armées assaillantes inscrivaient à leur tableau plus de 12 000 prisonniers et près de 800 canons.


LA BATAILLE RETOURNÉE

Le front allemand n’était pas seulement, du Sud de Soissons au Nord de Château-Thierry, sur une largeur de 40 kilomètres, refoulé ; il était ébranlé de telle façon, que toute la bataille, suivant les prévisions de Foch, devait en être transformée.

Celui-ci eut, ce 18 juillet, le sentiment très net de la victoire. Cette victoire, nous le savons, ne le surprenait point. Il ne songeait nullement à s’en contenter ; pour qu’elle portât tous ses fruits, il fallait la poursuivre et l’étendre. Ni Mangin ni Degoutte n’avaient besoin d’être stimulés, — il s’en fallait. Il importait simplement de nourrir les attaques. Le général en chef invitait en conséquence Pétain à renforcer l’action entreprise par les deux armées et à « en préparer ensuite le développement vers le Nord, à concentrer dans ce double but toutes unités fraîches disponibles au Sud de la ligne Château-Thierry-Reims-Massiges. » Il voyait comme un fait accompli, tant l’ennemi y était condamné, le repli allemand au nord de la Marne et bientôt sur la Vesle. Les armées Mitry et Berthelot reconduiraient l’ennemi avec leurs ressources, — cependant que Mangin et Degoutte troubleraient sur son flanc cette difficile retraite. Les actions de toutes ces armées étaient dorénavant liées et l’Allemand, pressé de toutes parts et ayant perdu en une heure l’initiative si longtemps gardée, devait être manœuvré par tous avec la plus grande diligence.

Le 19 juillet, les armées Mangin et Degoutte avaient dès l’aube repris les attaques. La veille, elles n’avaient été retardées en leur avance que dans la vallée de l’Ourcq. Elles allaient, le 19, réduire la poche creusée de ce fait, brisant, l’une de