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Villers-Hélon à Rozet-Saint-Albin, l’autre à Neuilly-Saint-Front, la résistance ennemie.

Déjà Mangin prenait ses mesures et donnait ses ordres pour que son 1er corps occupât le Mont de Paris au Sud immédiat de Soissons et conquît le plateau au Sud et à l’Est de Belleu, pour que le 20e corps enlevât, plus au Sud, le plateau de la ferme de la Folie, pour que le 30e corps se jetât sur les hauteurs Nord d’Arcy-Sainte-Restitue et le 11e corps sur les hauteurs Est de Saponay. Il pensait couper la retraite aux armées allemandes en retraite : un ordre du grand quartier lui montrait déjà comme objectif le plateau Ambrief en direction de Bazoches. La 6e armée, de son côté, ayant porté son front de l’Ouest de Vichel-Nanteuil à l’Est de Bouresches, continuerait à pousser en direction de l’Est, menaçant le flanc du repli allemand. Elle viserait à poursuivre sans arrêt sa progression en direction de Fère-en-Tardenois.

Il fallait que l’ennemi agit très vite, s’il voulait que les corps si imprudemment engagés au delà de la Marne ne se vissent point couper la retraite. En fait, l’attaque de Mangin et de Degoutte avait produit instantanément son effet au Sud de la rivière. L’ennemi, dès le soir du 18, ne songeait qu’à se décrocher ; depuis la veille, il était aux prises avec Mitry qui, de Reuil-sur-Marne au Sud de Château-Thierry, assumait, nous le savons, le commandement des troupes engagées. Dans l’esprit de Foch et de Pétain, cette nouvelle armée devait empêcher l’Allemand de se dérober à notre action à l’heure où les événements du Nord lui en imposeraient l’obligation. L’œuvre de nettoyage de la rive gauche avait, je le rappelle, commencé dès le 16 ; les troupes américaines avaient chassé les Allemands de tout le terrain situé au Sud de Fossoy et de Crezency (boucle de Mézy) et, le soir du 16, il ne restait plus, à l’Ouest du Surmelin, d’ennemis au delà de la Marne : 600 prisonniers étaient tombés entre les mains de nos vaillants alliés. Le 17, les soldats de Mitry avaient progressé plus à l’Est et celui-ci avait, pour le 18, prescrit une attaque générale qui, acculant l’ennemi à la rivière, l’empêcherait de la repasser sans dommage ; l’opération, remise au 19, ne put encore se déclencher ce jour-là ; l’armée attendait ses chars d’assaut qui paraissaient un élément essentiel de l’attaque. L’ennemi, déjà résolu à repasser l’eau, laissait en arrière de forts éléments de