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Nation, des Ordres entre eux et des provinces entre elles. Cela provoque un grand enthousiasme et de tous les cantons de France, les gardes nationales députent vers Paris où doit être prêté le serment. Malet ne manque point de se trouver à la tête et de jouer un rôle. Logé par les soins de M. de Lameth, à l’hôtel Duland, rue Notre-Dame des Champs, faubourg Saint-Germain, il fait une entrée qui, à l’en croire, est très remarquée : « Je t’envoie, écrit-il à sa femme, le récit de notre arrivée à Paris, que l’on distribue partout. Je crois qu’il te fera plaisir à cause de moi. » Le matin de la cérémonie, il doit se lever à quatre heures pour être à six au rendez-vous, boulevard Saint-Martin, et se rendre en corps au Champ de Mars. Mais il y a dans cette armée nationale un désarroi qui l’exaspère. « Nous ne savons pas encore le moment de notre départ, écrit-il. On dit que nous passerons une revue du roi avant. Nous en avons passé hier une espèce où il n’y avait pas le moindre ordre. C’est la Franche-Comté et la Bretagne qui mettent seules de l’ordre dans leur marche. » Aussi écrit-il après la fête : « Je suis furieux de la manière dont la cérémonie s’est passée ; la marche s’est faite en bon ordre, mais, une fois arrivés au Champ de Mars, personne ne s’est mêlé de l’arrangement des troupes. On y était sans aucun ordre au point que l’on n’a pas su le moment où le roi a prêté le serment et que presque personne ne l’a répété. En tout, les gardes nationales de province se sont conduites comme des provinciaux à qui l’on a fait faire, dire et crier ce qu’on a voulu. Il était évident que l’on voulait empêcher de crier : Vive l’Assemblée nationale ! Mais j’ai fait en sorte que notre département ne suivit pas les autres comme des moutons. En tout, il s’est conduit parfaitement bien et s’est fait remarquer par l’ordre qui y a régné. »

Le département dont les gardes nationales ont l’honneur de compter Malet dans leurs rangs doit être distingué et Malet ne manque point de le dire. Il écrit de Villeneuve-le-Roi le 26 juillet, en route pour le retour : « J’ai lieu d’être content de la réputation que s’est acquis le détachement du Jura ; tu dois bien t’imaginer que c’est moi qui ai fait faire toutes les démarches qui ont pu y contribuer. Tu connais déjà notre entrée dans Paris. En partant, nous avons été faire nos adieux à l’Assemblée nationale et lui présenter une adresse. Il a été décrété une députation vers nous, ce qui n’a encore été-fait que