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de monter une action commune, en direction générale de Fère en Tardenois. Ce jour-là même, une vigoureuse poussée était faite dans la vallée de l’Ourcq, principalement au Sud, où la 6e armée occupait en fin de journée un front jalonné par la rive gauche de l’Ourcq de Nanteuil-Notre-Dame à Courmont ; la 10e allait, le lendemain, en emportant la butte Chalmont (Est d’Oulchy-le-Château), enlever à l’ennemi son principal appui sur la rive droite et menaçait nettement Grand-Rozoy qu’elle emporterait le 29.

L’ennemi, menacé d’une façon si pressante à l’Ouest, s’était décidé à un premier repli, prononcé devant la 5e armée : celle-ci occupait, le 27, en fin de journée, le front Champroisy-Passy-Grigny-Guistes-Cuchery et l’Est de Chaumuzy. Le lendemain, 28, la 6e armée franchissait l’Ourcq et occupait Groray et Fère-en-Tardenois, tandis que la 5e , lui donnant la main, attaquait sur Romigny et Ville-en-Tardenois ; elle se heurtait encore à une forte résistance, mais elle occupait le sommet de ce mont de Bligny, si âprement disputé depuis 15 jours, et forçait l’Allemand à se replier sur les hauteurs entre Ville-en-Tardenois et Sainte-Euphraise. Volant en avant de nos troupes, toute la division aérienne inquiétait la retraite ennemie. Le 29, déployée tout entière, sa 1re brigade en avant des 5e et 6e armées, sa 2e en avant des 6e et 10e, elle balayait le ciel et bombardait la terre.

Le 29 au soir, les 10e, 6e et 5e armées sont devant une ligne de hauteurs s’étendant entre la montagne de Paris (Sud-Ouest de Soissons) et Sainte-Euphraise (Sud-Ouest de Reims) : l’ennemi parait vouloir y faire tête. Les 30, 31 juillet et 1er août, nos efforts pour aborder ces hauteurs restent infructueux : au pied des pentes, les villages de Scringes, Sorgy, Villers-Agron sont âprement disputés ; on les prend, les perd, les reprend. La bataille semble arrivée à son point mort.


LA SECONDE ATTAQUE MANGIN ET LE REPLI ALLEMAND SUR LA VESLE

Certes, c’était un résultat que d’avoir contraint l’ennemi à un repli qui l’avait ramené depuis le 18, des hauteurs de la rive gauche de la Marne à celles de la rive droite de l’Ourcq et de l’Ardre. Mais Mangin n’était pas homme à marquer le pas sans avoir récupéré Soissons ; il sollicitait la mission que, tant elle était ardue, on hésitait, en haut lieu, à lui consentir. Le