Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 53.djvu/310

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

retraite sur la Vesle , qui, décidée le 19 juillet, devait être vivement poussée à l’heure où l’armée de Mitry avait franchi la Marne. Celle-ci y avait employé les journées des 22, 23 et 24 au milieu de difficultés extrêmes, les collines au Nord de la Marne étant, je l’ai dit, bourrées de mitrailleuses et d’artilleurs. Le 24, cependant, Mitry avait établi des têtes de pont assez solides pour que toute son armée fût portée au delà de l’eau et atteignit déjà le 23 Le Charnel et la forêt de Ris. Son action se liait avec celle de la 6e armée au Sud de la forêt de Fère, que Degoutte menaçait à l’Ouest.

Sur ces entrefaites, la 5e armée reprenait à son compte la Zone de combat de la 9e, Berthelot assumant ainsi la charge de toute la bataille au Sud et à l’Est de la poche déjà fort réduite. En face de lui, non moins que de Mangin, l’ennemi se cramponnait, ces 21 et 22 juillet, au champ de bataille : car, défendant au Sud de Soissons le pivot de droite de sa retraite, il lui fallait défendre, au Sud de Reims, le pivot de gauche. Ces trois jours se passaient en combats assez vifs sur les pentes de la Montagne de Reims dont nous n’avions plus à reprendre que quelques arpents ; mais Berthelot préparait une opération destinée à faire tomber la résistance ennemie dans toute la vallée de l’Ardre : elle se déclencha le 23 à 6 heures ; les divisions britanniques, appuyées de chars, enlevaient les villages de Marfaux et Cuitrois ainsi que le bois d’Aulnay, tandis qu’à droite, une division de cavalerie française attaquait de Sainte-Euphraise sur le Nord de la vallée et que des bataillons italiens poussaient d’un élan jusqu’au bois Naveau. Mais l’effort des Alliés se heurtait, comme au Nord de l’Ourcq, à la résistance désespérée de l’ennemi. Celui-ci essayait encore, le 25, de réagir violemment par une attaque en masse sur Vregny ; il parvenait à faire fléchir notre ligne, bientôt rétablie par des contre-attaques. En somme, les combats étaient partout âpres et sanglants : nous avions affaire à un ennemi qui devait tout tenter pour empêcher la défaite de devenir désastre. De son côté, à droite, la 4e armée, au milieu de combats également assez vifs, de Prunay à Perthes, reprenait peu à peu les positions abandonnées le 15.

Foch, — et l’événement l’y encourageait, — continuait à voir dans les attaques sur le flanc droit ennemi l’un des plus sûrs moyens pour précipiter la retraite en la troublant. Le 27, il insistait pour que les 10e et 6e armées fussent mises en mesure