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et Branges de manière à déborder, par l’Est, le ravin de la Crise, abordé de front par le 20e Corps. Le 3, à midi, nous bordions l’Aisne en aval du confluent de la Vesle et tenions les hauteurs et villages au Sud de cette rivière.

Sur tout ce front, l’ennemi était en retraite ; les 6e et 5e armées le talonnaient vivement et, la cavalerie ayant repris en avant de l’infanterie sa place normale dans la bataille, enlevait prisonniers et matériel. L’ennemi était, le 3 août, jusqu’à l’Est de Basoches, reconduit à la Vesle. Nos armées en mouvement ramassaient les traînards, le matériel en détresse. Le 4, les Allemands évacuaient le reste de la rive gauche que certains de nos détachements franchissaient derrière eux. La droite de la 6e armée réoccupait Fismes dont les ruines fumaient. L’ennemi criblait d’obus à l’ypérite le front en marche, mais rien n’arrêtait notre poursuite.

Le 5 août, l’opération était terminée : l’Aisne, de Soissons au confluent de la Vesle, était solidement tenue, et sur la Vesle, il fallait, par prudence, arrêter l’élan de nos troupes, qui volontiers eussent tenté de franchir sans ponts la rivière. Le Commandement entendait que, provisoirement, on s’arrêtât là. Les Allemands semblaient résolus à tenir sur leur nouvelle ligne : la résistance eût coûté, si on tentait le passage et l’assaut des plateaux du Nord, des pertes inutiles. Car déjà Foch avait besoin de tous ses moyens pour porter ailleurs son effort sur l’ennemi ébranlé. Il eut été insensé de forcer une forte position difficile quand, tout à l’heure, bien plus au Nord, l’ennemi battu allait sentir de nouveauté poids de nos armes victorieuses. On rappela sur la rive gauche de la Vesle les détachements passés sur la rive droite. On s’organiserait sur les nouvelles positions en attendant que fût reprise de ce côté, — elle le sera dans un mois, — l’offensive des armées de Reims à Soissons.


Pour le Haut Commandement allié, la bataille d’entre Marne et Aisne était close. Car c’était maintenant Foch qui décidait de l’heure et du lieu.

C’était le résultat de cette magnifique opération qui, déjà, a reçu dans l’Histoire le nom de seconde bataille de la Marne. L’assaut le plus formidable que les lignes alliées eussent connu brisé dès les premières heures à l’Est de Reims par