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l’armée Gouraud et déconcerté, du 15 au 17, h. l’Ouest de Reims, par la lutte pied à pied menée par les 5e et 6e armées ; d’offensive des 10e et 6e armées pleinement victorieuse les 18 et 19 juillet ; les assaillants du 15 juillet reconduits par les 9e, 6e, 5e armées sur la Marne, sur l’Ourcq, sur l’Ardre, finalement sur la Vesle ; 30 000 prisonniers faits sur l’armée allemande, plus de 800 canons enlevés et plus de 6 000 mitrailleuses capturées ; le front raccourci de 45 kilomètres ; la voie ferrée Paris-Châlons rétablie ; la menace sur Paris supprimée : c’étaient là des résultats immédiats que les armées alliées, — car Anglais, Américains et Italiens s’étaient, on se le rappelle, battus à nos côtés, — mais, au tout premier rang, les armées françaises, pouvaient revendiquer avec fierté !

Et cependant, ces résultats obtenus n’étaient rien à côté de l’immense avantage que représentait l’initiative définitivement reprise par notre Haut Commandement. Tandis que le moral gravement atteint de l’armée et du peuple allemands ne se relèverait point de ce formidable coup, tout au contraire, nos armées et notre nation se sentaient soudain portées vers la victoire. Nos grands chefs la préparaient. C’en était fini de la défensive ; elle ne nous avait point abattus ; c’était le miracle ; mais elle avait martyrisé les cœurs et angoissé les âmes. Maintenant nous avions ressaisi la maitrise des opérations et la grande bataille de France en était retournée. Toutes nos qualités offensives s’allaient maintenant déployer à l’aise. C’est sur les rives de la Marne qu’une seconde fois le Destin s’était prononcé. C’est là que leur Gœthe eût pu écrire la phrase de Valmy : « De ce lieu, de cette heure date une ère nouvelle.

La Victoire était en marche, et rien désormais ne pourrait l’arrêter. Foch en traçait déjà, d’une main souveraine, le plan et les conditions.


LOUIS MADELIN.