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commun. De même pour Guillaume qui signe « Entien offisié général. » Nommé général de brigade provisoire en mars 1794, ce Guillaume a été destitué pour mauvaise conduite en août de la même année. Nommé sous-inspecteur aux revues en 1800, il a été révoqué deux ans après pour malversations. Depuis lors, il bat le pavé. Malet qui l’a connu, semble-t-il, au début de la Révolution, a renoué avec lui et n’a point eu de peine à se faire écouter. Toutefois, entre Bournot, Guillet et Guillaume, son armée manque de prestige, et il doit rechercher quelques noms nouveaux. Il n’a pu manquer de noter le général Dutertre dont les escroqueries remplacent les actions d’éclat dans ses états de service, et il a sans doute fait part du désir qu’il a de recruter un vrai général, un général de division, un général qui, au moins, ait reçu ce grade d’une autorité régulière. Mais il le cherche en vain.

Malet, même s’il avait rencontré un général de division, n’eût pu, faute de relations avec le monde politique, engager la lutte contre le colosse, impérial avec cette bande d’aigrefins, débris de la Loge des Philadelphes. Pressé par l’imminence du jugement qui le menaçait, il se décida à nouer connaissance avec certains hommes dont il pouvait espérer un appui. C’est ainsi que, sous un prétexte, il se présenta chez Florent-Guyot, ancien conventionnel, à présent substitut du procureur général impérial près le Conseil des prises, qu’il croyait avoir été dans la confidence du général Servan, et dont il espérait obtenir des renseignements, et peut-être des entrées près de certains personnages. Lors de la première visite qu’il fit à Florent-Guyot, rue des Poulies, 24, après lui avoir parlé des enfants du général Thierry auxquels il s’intéressait, et de quelques nouvelles de gazettes, il lui dit : « J’ai entendu dire que l’année dernière, le Sénat s’était occupé de quelques mesures relatives à la situation de la France, et je viens causer avec vous pour savoir si vous en avez été instruit, et s’il ne serait pas convenable de les renouer pour être prêts dans le cas où elles deviendraient nécessaires. »

Florent-Guyot rapporta ces propos à Wenceslas Jacquemont, personnage considérable que la police connaissait pour avoir en 1802, abouché Moreau avec Cabanis, Chénier et Daunou en vue de renverser Bonaparte. Jacquemont, membre de l’Institut, exclu du Tribunat en 1803, nommé alors chef du bureau des