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maçonnerie, fondateur de Loges, soigne le maréchal et la maréchale Kellermann pour quoi il est fort recommandé. Bournot, chef du 2e bataillon du 4e régiment des Vétérans, chargé en partie de la garde du Corps législatif, « s’emploierait à rétablir la dignité de la Représentation Nationale. » Baude, peintre en décors, fabricant de masques à l’enseigne Au Dieu Momus, a la spécialité des masques à caractère et des masques de petit carnaval pour poupées. Il en veut à mort à Bonaparte. Habitant rue Mêlée, n° 13, il est voisin d’un nommé François Delavigne qui tient rue Bourg-l’Abbé, sous le nom de sa fille, l’hôtel du Commerce : cent chambres, salons et cabinets particuliers. Dans l’un de ces salons se réunissent les principaux membres du comité qui en prend le nom de Comité de la rue Bourg-l’Abbé.

Il y a encore quelques individus qui, sans faire partie du Comité, voient familièrement Malet. Ainsi, Alexandre Ricard, faiseur d’affaires, domicilié rue Poissonnière ; Paganel, l’ancien conventionnel ; Rouget de Liste, son cousin ; Poilpré, son ancien aide-de-camp, qui habite rue Croulebarbe, 13, une maison avec un grand jardin.

Quant aux officiers, sauf Bournot, aucun n’a été initié. Malet a recueilli les noms de quelques généraux destitués ou réformés que leur situation fait présumer mécontents. Lorsqu’on aura besoin de leurs services, on leur donnera un ordre qu’ils exécuteront, sans réfléchir ni discuter. Malet, quand il rencontre quelqu’un avec qui il a été en rapport, ne manque pas de le pratiquer ; ainsi a-t-il fait pour le général Guillet [1], qui a été brigadier en même temps que lui dans la division Serras et qui, destitué une première fois pour indélicatesse, se trouve à Paris pour répondre à des plaintes portées contre lui par le général en chef de l’Armée de Dalmatie, pour crimes de droit

  1. Pierre Guillet, né à Chambéry en 1765, avait au moins des services de guerre à son actif ; il avait passé du service de Sardaigne à celui d’Espagne, qu’il avait quitté (brusquement) pour celui de France. Il avait servi à l’Armée des Alpes, à l’Armée des Pyrénées Orientales, aux Armées de l’Ouest, à l’Armée d’Italie. Général de brigade, le 12 thermidor, an VIII, il avait été à l’Armée d’observation de la Gironde, puis de nouveau à l’Armée d’Italie. Il avait suivi Marmont en Dalmatie et, chargé d’un commandement aux Iles de la Brazza et de la Solta, il s’y était distingué par des actes de concussion et des actes de cruauté inouïs. Rappelé à Milan, puis à Paris pour s’y justifier, il se mêla aux affaires Malet, fut mis définitivement en non activité le 12 février 1809, et se retira à Chambéry. Il reprit du service en 1815, et mourut au fort de Fenestrelle en 1836.