Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 53.djvu/373

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le 8 juin, « la déclaration confidentielle qu’il existe un complot à la tête duquel se trouvent le général de brigade Guillaume et Demaillot, ancien agent en chef de Robespierre, qu’ils ont offert à un officier supérieur le commandement de Paris et de l’Armée de l’intérieur, qu’ils ont assuré que toutes les proclamations étaient prêtes, qu’ils étaient fiers du concours de douze sénateurs, qu’on devait établir un directoire composé de neuf membres, qu’on supprimerait la conscription et les Droits réunis, et qu’avec de tels moyens et des hommes de tête, tels qu’ils en avaient, ils étaient sûrs de réussir, parce qu’ils auraient le rétablissement de la République, et le peuple et l’armée à l’exception d’une poignée de généraux et officiers, exclusivement favorisés, et qui étaient l’objet de la haine et de l’envie de tous les autres. »

Le général de division Lemoine, qui avait fait cette déclaration, venait de l’ancienne armée, où il était enseigne dans Royal Champagne, en 1757. Il était à la retraite depuis 1794. Demanda-t-il à être replacé, malgré qu’il eût soixante-sept ans, cela se peut, car il fut envoyé à Wesel pour y commander.

Aussitôt instruit, le 8 juin, le préfet de police fait arrêter l’ex-général Guillaume et le nommé Demaillot. Celui-ci n’a voulu rien dire, mais Guillaume, après une première déclaration à peu près insignifiante, en a fait une seconde où il a révélé ce qu’il savait de la conspiration, se donnant les apparences de n’y être entré que pour la livrer. Ainsi nomme-t-il Corneille, Guillet et Gariot.

Malet ne fut point trouvé à son domicile. « Sa femme dit qu’il était parti la veille au soir pour Fontainebleau ; mais, écrit le 9 le préfet de Police à l’Empereur, je présume qu’ayant appris l’arrestation de Demaillot et de Guillaume, il se sera caché. J’ai pris, ajoute Dubois, des mesures auprès du ministre de la Police et du général Bucquet pour qu’il soit arrêté partout où il sera trouvé. On a saisi chez lui beaucoup d’armes, telles qu’espingoles et carabines. Gariot parait être, ainsi que Demaillot, en correspondance avec tout ce que la démagogie a eu de plus exalté. On voit, par les papiers saisis chez lui, qu’il est lié avec l’ex-général Dutertre, avec Baudement, avec Emile Babeuf, Mathieu Montalan, Chanousse et Antonelle. Je m’occupe de l’examen des papiers, mais il ne paraît pas que les proclamations aient été saisies. » On ne devait point les