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proclamations qui supprimeraient la conscription et les droits réunis. Jacquemont a bien senti combien ses aveux et son silence étaient nécessaires aux sénateurs qu’il a nommés au général Malet. Il a prévu que, s’il faisait la même déclaration que Florent-Guyot, il serait peut-être confronté aux sénateurs qu’il aurait nommés et, persuadé d’avance qu’ils nieraient tout, il a préféré se taire lui-même parce que cet homme méthaphisien (sic) idéologiste et qui n’a jamais été chaud qu’en révolution a véritablement exprimé à Malet et à Florent-Guyot son opinion personnelle et son opinion personnelle a toujours été alimentée, depuis le 18 brumaire an VIII, et par beaucoup des cent tribuns, et par les hommes de lettres, les savants et les sénateurs mécontents.

« Je crois donc en résultat que cette affaire doit fixer l’attention de Sa Majesté, qu’elle est un avertissement utile pour le choix des hommes qui devront entrer au Sénat, mais qu’il faut bien se donner garde de renvoyer cette affaire à aucun tribunal, pas même à une commission militaire, quoique les généraux Malet et Guillaume et le sieur Demaillot y fussent indubitablement condamnés, qu’il faut se contenter, conformément aux conclusions de mon rapport, de les garder en détention et les envoyer dans nos établissements coloniaux aussitôt après la paix maritime ; leur détention sera un épouvantail pour les sénateurs coupables, s’il y en a, et un avis à tous les mécontents que le Gouvernement a les yeux ouverts sur eux. »

Cet appel au renouvellement des déportations de Fructidor et de Nivôse montre assez qu’il subsiste aussi chez Dubois quelque chose du Jacobin. Il répond aux questions que l’Empereur a posées sur les personnes qui voyaient habituellement ce Jacquemont : « Je puis citer en première ligne le sénateur Destutt Tracy qui a été jusqu’à me dire à moi-même, lorsqu’il s’est présenté pour parler à Jacquemont, — ce que je lui ai refusé, — que si l’on arrêtait des hommes tels que Jacquemont pour leur opinion, on pourrait l’arrêter lui-même ; MM. Lebreton, Richard, Andrieux, Picard de l’Institut, le Sieur Roger, auteur de l’Avocat, me sont signalés comme liés très particulièrement avec Jacquemont. Beaucoup de membres de l’Institut, ceux de l’École de médecine et toutes les Sociétés savantes s’inténsssent au sieur Jacquemont, parce que sa qualité de chef du