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CE QUE DOIVENT ÊTRE
NOS COLONIES

Nos adversaires, au moment où ils ont déchaîné la guerre, escomptaient que les colonies seraient, pour la France, un élément d’inquiétude et de paralysie ; l’événement a prouvé qu’ils se trompaient lourdement. Loin que nos possessions d’outre-mer, au cours de la terrible épreuve, aient été l’objet de soucis entravant notre liberté d’action en Europe, elles nous ont apporté en hommes, en matériel, en ressources alimentaires et industrielles, le renfort le plus libéral et le plus précieux. Au milieu de 1917, alors que la fortune des armes paraissait indécise encore, aucun doute déjà n’était plus permis sur l’éminente utilité nationale de l’empire colonial français [1] ; la mauvaise foi des Allemands, si ingénieuse fùt-elle, était impuissante à exagérer la portée de quelques incidents locaux, toujours demeurés dans les limites restreintes d’affaires de police. Bien au contraire, la conscience des périls affrontés ensemble a resserré entre la métropole et ses colonies une collaboration confiante, fondée sur une sorte de mutuelle découverte des raisons profondes de leur solidarité.

Hésitante à son début, incohérente souvent parce que nous étions mal préparés à nous servir ainsi nous-mêmes, la coopération Franco-coloniale s’est peu à peu ordonnée et amplifiée. Dans les derniers mois de la guerre, elle était singulièrement plus méthodique et donc plus efficace qu’au début. Elle nous eût assuré des avantages bien supérieurs, si la France s’était

  1. Voir, dans la Revue du 1er mai 1917, notre article : « Ce que les Colonies ont fait pour la France. »