Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 53.djvu/436

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ainsi le souci de la santé économique et financière, du pays, si préoccupant à l’heure actuelle, nous commande de développer les transactions domestiques entre la Métropole et les colonies, et d’orienter la production coloniale de telle sorte qu’elle devienne complémentaire plutôt que concurrente de la production métropolitaine.


NOS POSSESSIONS NORD-AFRICAINES

Distinguons immédiatement, pour préciser, ce que nous demanderons à chacun des divers groupes de notre domaine colonial ; les uns sont tropicaux, les autres plus tempérés, ceux-ci lointains, ceux-là tout proches de la mère patrie ; ainsi nous assignerons a chacun son rôle particulier dans un effort d’ensemble. Ici apparaît pour la France le prix tout à fait singulier, exceptionnel, de notre Afrique du Nord. Prévost-Paradol avait raison d’indiquer là, dans les conclusions de sa France Nouvelle (1868), une des chances suprêmes de notre avenir national. L’un des bienfaits essentiels de la paix est d’affranchir nos possessions nord-africaines des dernières servitudes diplomatiques qui limitaient encore notre liberté au Maroc ; nous avons là désormais, comme le disait Vauban à propos d’une autre frontière, « le pré carré. » Sur ces rivages coexistent dès maintenant des races européennes et indigènes ; jamais l’instant ne sera plus favorable pour y stimuler la nature par de belles et fécondes associations de travail.

Le pourtour de la Méditerranée est un réservoir privilégié de céréales, de fruits variés, un admirable champ d’élevage ; sa population est encore assez clairsemée, pour que la culture soit possible sur de vastes espaces par des procédés modernes à l’américaine ; son sous-sol est richement minéralisé. Notre Afrique du Nord, à quelques heures de navigation des côtes du Languedoc et de la Provence, est une extension presque contiguë du territoire métropolitain ; très efficacement et, pour ainsi dire, sans délai, le progrès de son économie doit atténuer chez nous les difficultés de la vie chère et soutenir notre change. Les provinces d’Afrique furent jadis le grenier de Rome ; elles fourniront de même à la France, qui leur a restitué une paix romaine, d’abord des grains et de l’huile comme autrefois, mais bien d’autres provisions encore. Leur agronomie est