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beaucoup de soldats qui n’en usaient guère auparavant ont pris l’habitude d’en boire : la fabrication de la bière a été paralysée par l’occupation de nos départements du Nord. Celle-ci reprendra vite, les orges d’Afrique l’aideront ; les troupiers américains amateurs de nos crus, même administratifs, rentreront chez eux et se soumettront à la législation des « États secs. » Il est vraisemblable pourtant que nous n’aurons pas de longtemps assez de vin dans la métropole pour que le renfort annuel des 7 à 8 millions d’hectolitres d’Afrique ne nous soit pas précieux. Aussi bien doit-on observer que ces vins, de plus en plus soignés, trouvent des acheteurs « bourgeois » sur place ; que leurs sortes caractéristiques sont excellentes pour les coupages avec les sortes plus légères de France ; enfin que nos producteurs d’outre-Méditerranée s’orientent vers la fabrication des mistelles et des vins de liqueur, c’est-à-dire de spécialités régionales. Il serait donc de mauvaise politique de décourager la consolidation, voire l’extension de notre vignoble africain.

Les viticulteurs s’inquiètent en tous pays de se procurer à bon marché leur « vaisselle vinaire, » pressoirs, tonneaux, cuves, vases et bouchons. Très certainement, l’Afrique du Nord ne manque pas des bois spéciaux nécessaires, bien que jusqu’ici elle se soit adressée à des importateurs de l’Europe Centrale ; elle-multipliera demain les expériences sur les produits indigènes, confiées à des ouvriers experts de Croatie par exemple. Elle devra poursuivre aussi les essais commencés sur ses divers pins par des résiniers venus des Landes françaises. Pour le liège, elle est en pleine période d’exploitation et il y a là, croyons-nous, une de ses chances les plus brillantes ; avec la Péninsule ibérique, notre Afrique méditerranéenne tient le marché mondial du liège, de plus en plus demandé pour la fabrication d’appareils isothermes, d’articles de tapissiers et non pas seulement pour le commerce du vin ; la poussière de liège est le meilleur emballage des fruits frais, entre autres des raisins de Malaga que l’on expédie aux États-Unis. Il a été récemment question d’une entente entre les producteurs de liège de la France, métropolitaine et nord-africaine, de l’Espagne et du Portugal.

L’Afrique septentrionale n’a pas jusqu’ici découvert sur son propre sol le combustible qui lui permettrait d’outiller personnellement son industrie ; les géologues ont reconnu des