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la soie d’un ver indigène appelée landibé, qui peut être mieux qu’un produit de consommation locale, — les épices, la canne à sucre, etc.. Tout cela, répétons-le, représente moins des transports sur la France que des occasions de travail régional pour des pionniers et des capitaux français.


L’lNDO-CHINE

Sur l’Indo-Chine, nous raisonnerons de même. Dans ses parties les plus peuplées, qui sont les deltas, elle est surtout une rizière en bordure de côtes exceptionnellement poissonneuses ; le riz, assaisonné de « fruits de mer » diversement préparés, est l’aliment fondamental des Annamites ; il est produit en assez grandes quantités pour soutenir aussi un commerce d’exportation : on peut dire qu’il est le facteur essentiel de la vie économique de la colonie. La culture en est restée jusqu’ici primitive ; l’Indo-Chine française, avant la guerre, vendait au Japon ses sortes communes pour l’alimentation populaire, tandis que les Nippons expédiaient au dehors les riz plus fins de leurs propres champs. La difficulté de nous approvisionner en froment, pendant ces dernières années, a généralisé chez nous la consommation du riz, surtout sous forme de farine, car il y a contre l’usage direct, en particulier parmi nos soldats, des préjugés qu’explique souvent la négligence des cuisines régimentaires. Il est de l’intérêt de tous que des directions concordantes améliorent la production de notre riz colonial, et poursuivent parallèlement en France une sorte ! d’éducation tant des préparateurs que du goût public, ainsi qu’on l’a fait pour les viandes frigorifiées. Cette promotion du riz indo-chinois doit assurer des ressources nouvelles aux Annamites, riziculteurs traditionnels, dont beaucoup, après des séjours dans les usines de France, ne se contenteront plus des salaires d’antan.

Les races indo-chinoises de bovidés sont trop petites pour que l’on développe l’élevage en vue d’une exportation de viande frigorifiée ; en revanche, les procédés du froid seraient utilement appliqués aux produits variés des pêcheries, destinés à la consommation de l’Asie orientale et peut-être pour partie au transport jusqu’en France. Nous devons nous ingénier à combattre la vie chère par tous les moyens et tirer parti à cet