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volontés et ces compétences sont particulièrement précieuses aujourd’hui, au seuil de petits États où l’on commence à découvrir les dangers de relations économiques trop confiantes avec l’Allemagne. La richesse la plus originale de nos îles américaines parait bien présentement la disponibilité de ce personnel à qui nous devons offrir, rapidement, toutes facilités de compléter sa formation technique et d’étendre les carrières ouvertes au crédit métropolitain ; ici, nos banques coloniales auraient à saisir un rôle bienfaisant de novateurs.


DE QUELQUES RÉFORMES À ACCOMPLIR

En examinant nos divers groupes coloniaux, nous avons dégagé quelques principes de la prochaine politique extérieure de la France. Au XIXe siècle, la science s’est efforcée de discipliner la nature, d’abord sur les territoires tempérés d’outre-mer où l’Européen peut s’établir : elle a fait les races de bœufs et de moutons de l’Argentine, du Cap, de l’Australie, les vergers de la Californie et de la Nouvelle-Zélande, les « mers de blé » du Manitoba ; notre Afrique du Nord n’est pas restée à l’écart de ces conquêtes. Les terres tropicales sont encore à un stade inférieur, soit parce que l’Européen y vit moins aisément, soit parce que la routine a longtemps réservé ces domaines à des cultures réputées riches, c’est-à-dire, en fait, aux petits rendements. Mieux renseignés aujourd’hui, nous demanderons à ces possessions bien autre chose, mais une telle transformation ne peut être improvisée ; elle est le prix de la volonté, de la méthode, en d’autres termes du temps et de l’argent.

M. Louis Marin, député, observait naguère que nous manquons de moyens convenables « pour l’étude approfondie, scientifique et technologique, des produits si variés de nos territoires coloniaux, bien que la nécessité en soit reconnue par tous. « Il est vrai que presque toutes les innovations pratiques, en cet ordre d’idées, ont été dues à des initiatives privées et par là même relativement limitées. Alors que nos savants ne demandent qu’à s’intéresser à l’économie coloniale, ils n’y ont guère été encouragés jusqu’ici ; des libéralités particulières, devançant les lentes décisions de l’État, ont fondé au Collège de France, par exemple, des cours de pathologie exotique et de sociologie musulmane, ailleurs des laboratoires pour l’étude des plantes coloniales à papier