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s’ajuster au grand rôle intellectuel promis à la France de demain.

Mais les carrières libérales proprement dites exercent toujours la séduction la plus forte, et les Facultés depuis longtemps attiraient nos filles. Rappelez-vous que, il y a trois quarts de siècle, une femme n’entrait pas à la Sorbonne. Or voici que, dans les Facultés des lettres et des sciences, les femme occupent d’ores et déjà presque toutes les places laissées vides par les étudiants de l’autre sexe. Ces Facultés leur ont dû un aspect nouveau, moins austère, mais qui éveillait quelque mélancolie chez celui qui se demandait combien de temps durerait, dans son auditoire, cette substitution d’un sexe à l’autre. Il y a tant de candidates aux grades universitaires qu’on se demande aussi si les cadres de l’enseignement seront jamais assez larges pour les accueillir. De là même la nécessité de chercher autre chose. Pour les littéraires, ce seront les bibliothèques. Une jeune fille était déjà entrée à l’Ecole de Chartes. En 1917, trois furent reçues, dont la première ; en 1918, trois encore, dont les deux premières : grand succès féministe, grand succès aussi pour la paléographie. Pour les scientifiques, ce seront les observatoires, ce seront surtout les laboratoires de chimie, laboratoires scientifiques et laboratoire industriels. L’Ecole de physique et de chimie industrielles de Paris a décidé de recevoir des femmes. L’Ecole de chimie de Bordeaux avait devancé celle de Paris. Des jeunes filles ont déjà fait l’office de préparateurs dans d’importants laboratoires et à l’Institut Pasteur. Et le mouvement ne s’arrêtera pas là : il suivra le développement espéré des industries chimiques en France. Et le même courant, c’est le cas d’user de ce mot, s’est produit dans les industries électriques. Aux Facultés de droit nous devions, depuis quelques années déjà, quoique tout cela soit récent, des avocates. Des jeunes filles aujourd’hui suivent les cours préparatoires à l’examen de capacité : les études d’avoué sont visées. Les études de notaires ne le sont pas moins. De nos Facultés de médecine sortent des doctoresses Mais le métier est dur. Beaucoup succombent à la peine dés les premières années d’exercice. Quelques-unes en revanche réussissent brillamment. Une femme, Mme Girard-Mangin, a reçu, le 1er octobre 1917, une nomination originale et flatteuse dont voici les termes mêmes : « La doctoresse Girard