Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 53.djvu/525

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mangin est affectée au Val-de-Grâce comme aide-major de 2e classe et détachée à l’hôpital-école V. G. 84, en qualité de médecin-directeur. » D’autres nominations analogues suivirent. Pourquoi les études d’un plus grand nombre de jeunes filles, plutôt que vers la médecine, ne se sont-elles pas dirigées vers la carrière-sœur, la pharmacie ? Mystère des vocations et des ambitions féminines ! Mais on se dit déjà qu’il y a là des places à prendre, et elles seront prises.

Des écoles techniques s’ouvrent enfin aux femmes ou se créent exprès pour elles. A Bordeaux, elles sont reçues à l’Ecole de Commerce. A Paris, une école pratique de haut enseignement commercial pour les femmes a accompli sa première année de scolarité, de même à Lyon. Celles-ci prétendent former non seulement des employées, mais des chefs de services, des directrices pour des maisons de gros, pour de grands magasins ou des entreprises industrielles. Mais le fait le plus significatif peut-être est l’admission des femmes à l’Ecole Centrale. Sept ont été reçues au concours de 1918. Le directeur de cette Ecole, le respecté M. Noël, a, par son initiative, accepté le parrainage des femmes ingénieurs en France. Il y en avait déjà en Angleterre. L’École des Mines de Saint-Étienne et l’École d’architecture ont suivi l’exemple donné. C’est une étape sur laquelle il vaut la peine d’insister.

Jusqu’ici, et malgré le désordre, d’ailleurs conforme aux faits, auquel une description écourtée du bouillonnement de l’activité féminine ne pouvait échapper, nous avons vu les femmes chercher à cette activité des débouchés d’abord dans le sens de leurs aptitudes traditionnelles, puis s’éloigner graduellement de ces traditions et empiéter de plus en plus sur des métiers d’hommes. Mais elles se sont présentées d’abord en auxiliaires, et peut-être les hommes ont-ils quelquefois abusé de cette situation. Dans tel métier, comme la joaillerie, ce qui était bien payé était pour les hommes, ce qui l’était moins bien était réservé aux femmes, sans qu’on pût invoquer une habileté manuelle moindre de leur part. Les femmes revendiquent le droit à toutes les tâches, même les mieux payées. Elles revendiquent les fonctions de chef. Elles ne seront plus seulement dessinatrices, elles seront architectes. Le sexe ne comptera plus, seuls compteront le savoir-faire professionnel, l’intelligence, les dons naturels ou acquis. Et l’on voit poindre dès lors le