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l’admirable manœuvre du 18 juillet, l’avait, — s’il en était besoin, — convaincu de la supériorité d’esprit et de caractère du Commandant en chef des Armées alliées. La situation lui apparaissait complètement transformée. Le rapport adressé postérieurement au Gouvernement britannique l’indique si clairement et le fait est de telle importance, que je dois lui donner ici la parole :

« L’effondrement définitif de l’ambitieuse offensive déclenchée par l’ennemi le 15 juillet, le succès remarquable de la contre-offensive alliée au sud de l’Aisne apportèrent un changement complet dans l’ensemble de la situation militaire. L’armée allemande avait donné son effort et avait échoué. Le moment de son maximum de puissance était dépassé et la masse des réserves accumulées pendant le mois était dépensée. D’autre part, la situation des Alliés, en ce qui concernait les disponibilités, s’était grandement améliorée. Les contingents frais obtenus à la fin du printemps et au début de l’été avaient été incorporés et instruits. L’armée britannique était prête à prendre l’offensive, tandis que l’armée américaine se développait rapidement et avait déjà donné des preuves convaincantes des hautes capacités combatives de ses soldats.

« A la Conférence tenue le 24 juillet, quand le succès de l’offensive du 18 juillet fut bien assis, les moyens de développer les avantages acquis furent discutés en détail. Le Commandement en chef allié demanda que les armées britannique, française et américaine établissent chacune des plans d’offensives locales à exécuter aussitôt que possible et visant des objectifs définis et de nature limitée. Ces objectifs sur le front britannique étaient le dégagement d’Amiens et la libération de la voie ferrée Paris-Amiens par une attaque sur le front Albert-Montdidier. Le rôle des armées américaine et française était dé dégager d’autres lignes stratégiques par des opérations plus au Sud et à l’Est.

« En plus du dégagement d’Amiens, la situation sur le front britannique plaidait énergiquement en faveur d’autres plans comme le dégagement d’Hazebrouck par la reprise du Mont Kemmel combinée avec une opération en direction de La Bissée. En cas de succès, cette action devait améliorer notre situation à Ypres et à Calais ; le saillant de la Lys serait réduit et la sécurité du bassin de Bruay moins menacée.