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« Ces différentes opérations avaient déjà fait l’objet d’une correspondance entre le maréchal Foch et moi et avaient été très étudiées par l’État-major général britannique. En fin de compte, j’en étais venu à conclure que, parmi les missions assignées aux armées britanniques, l’opération à l’Est d’Amiens avait la prépondérance comme étant la plus nécessaire et susceptible de fournir les plus larges résultats. »

A lire ces lignes, écrites, il est vrai, après coup, on a l’impression très nette qu’en cette historique conférence de Bombon, Foch avait fait passer dans le cerveau et, ce qui était peut-être plus précieux, dans l’âme même de ses hauts lieutenants la flamme qui allait éclairer et animer la magnifique offensive de l’été 1918. Un Pétain, un Pershing, comme un Haig, sortent de cette conférence convaincus que la Victoire est décidément entre leurs mains et, partant, résolus à y collaborer de toutes leurs forces.

Foch voudrait plus. Un seul des Alliés d’Occident n’a pas paru à Bombon : le Général en chef cependant n’entend pas le tenir à l’écart d’un si beau concert. Le 6 août, il adressera au général Diaz une lettre où se retrouve encore l’esprit des conférences du 24 juillet : « La Piave a marqué l’arrêt des projets de l’ennemi en Italie ; la Marne marque l’arrêt définitif de ses projets en France, sur la partie principale du front occidental. L’ennemi a échoué dans son offensive du 15 juillet. Il a même perdu les avantages réalisés dans celle du 27 mai. Carrément arrêté en Champagne, il est rejeté de la Marne sur l’Aisne. Par là sont renversés les plans des Empires Centraux qui reposaient sur une grande offensive victorieuse avant l’arrivée des Américains. Ils aboutissent à l’arrêt, c’est-à-dire à l’échec et même à la retraite, tandis que les Américains continuent d’arriver.

« Cette arrivée n’est pas telle cependant qu’elle nous permette d’espérer en 1918 une décision intégrale de la guerre, de renforcer suffisamment le front pour entreprendre une offensive générale, mais, dès à présent, l’intérêt indiscutable de l’Entente est d’exploiter sans retard et dans toute la mesure possible le renversement obtenu dans la situation militaire, d’accentuer l’ébranlement moral qui ne peut manquer d’en résulter dans les Empires Centraux.

« L’Entente doit, pour cela, frapper à coups redoublés et