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agréait la directive de Foch réglant l’ordre général de l’opération. « L’offensive couverte par la Somme était à pousser aussi loin que possible en direction de Roye. » Elle serait exécutée par la 4e armée britannique, forte de 12 divisions, appuyée de la 1re armée française, renforcée par 4 divisions ; « l’une agirait au Nord, l’autre au Sud de la route de Roye, une fois assuré le débouché au Sud de la Luce et à l’Est de l’Avre. »

La directive était brève : Foch laisse toujours à ses lieutenants la liberté la plus large ; l’important est que rien ne soit hasardé. Lorsqu’à la veille du 18 juillet, il avait lancé Mangin, qu’il savait disposé déjà à aller « aussi loin que possible, » il se le pouvait permettre, son flanc gauche étant gardé par l’Aisne ; le 8 août, les armées alliées attaqueraient, leur flanc gauche, de même, gardé par la Somme ; de telles précautions permettent d’ordonner sans aucune témérité de « pousser aussi loin que possible. » C’est ce que j’appellerai l’école de l’audace prudente. C’est la façon de Foch.

Haig a aussitôt pris ses mesures : il a renforcé du corps canadien et de deux divisions sa 4e armée Rawlinson, et, tandis que, pour dérouter l’ennemi, il prépare ostensiblement une offensive dans la région du Kemmel, c’est très secrètement qu’il a opéré ces renforcements sur le front de Picardie. L’ennemi qui attend une puissante attaque en Flandre, — il a opéré, les 7 et 8 août, un léger mouvement de repli dans la région de la Lys, — sera surpris devant Amiens ; nous avons enfin, grâce à l’initiative ressaisie, les bénéfices dont naguère il jouissait.

L’attaque de la 4e armée britannique affecterait un front de 18 kilomètres depuis le Sud de la route Amiens-Roye jusqu’à Morlancourt exclu. La 1re armée française partirait, une heure après le déclenchement de cette offensive sur un front de 7 kilomètres, entre Moreuil inclus et la droite de Rawlinson. « Au fur et à mesure des progrès alliés, la droite de l’attaque française devait s’étendre vers le Sud jusqu’à appuyer le flanc Est du front de bataille allié sur Braches. »

Foch insistait pour que la bataille sans cesse alimentée fût poussée « le plus loin possible : » il fallait donc placer un peu en arrière de fortes troupes d’attaque chargées de se substituer rapidement aux troupes fatiguées. Et déjà le commandant en chef des armées alliées, après avoir préparé la bataille en profondeur, songeait à l’étendre en largeur. Après avoir, le 3,