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seulement un jour, et le jeu a changé, et, comme tu le sais déjà probablement, nous avons eu sur les oreilles. » Et après avoir cité Wolff, il ajoutait ironiquement : « Nous allons voir comment va se continuer cette victoire ! »

Les lettres du front étaient en thèse générale fort découragées : « Situation colossalement mauvaise, » écrit un sous-officier, le 20 juillet, et c’est la note générale. Le 31 juillet, la presse elle-même entrait dans la voie des aveux : « Nous ne pouvons espérer que la campagne d’été, au cours de laquelle nous porterons de nouveaux coups très durs à la puissance militaire ennemie, puisse finir la guerre. Nous devons combattre encore l’hiver et l’été prochain. » Mais, le 3 août. Ludendorff, plus nettement, déclarait : « Notre offensive du 15 juillet n’a pas réussi au point de vue stratégique. »

En fait, elle apparaissait au Haut Commandement mieux qu’à aucune catégorie d’Allemands, comme autre chose qu’un simple échec : pour la première fois, les chefs allemands devaient reconnaître l’extrême et dangereuse fatigue physique et morale des troupes. Un ordre du kronprinz impérial du 7 août prescrivait toutes mesures propres à assurer le repos et améliorer le moral de ses soldats : il fallait « rétablir leur force combative, » ce, qui était avouer qu’elle avait faibli, — et seul le repos assurerait cette reconstitution.

Mais nous savons que Foch — d’ailleurs rapidement instruit par nos services de renseignements de la fatigue de l’adversaire, — n’entendait lui accorder ni trêve ni repos. Le kronprinz écrivait le 7, et, le 8, se déclenchait la nouvelle offensive alliée.


LES BATAILLES D’AMIENS ET DE MONTDIDIER (8 A0UT-14 AOUT)

La première opération à entreprendre était le dégagement d’Amiens et de la voie ferrée, — depuis mai 1918, sous le feu de l’ennemi.

Le 26 juillet, Foch avait eu à Sarcus (Nord-Ouest de Beauvais) une entrevue avec le maréchal Haig, les généraux Rawlinson et Debeney, futurs hauts exécutants du plan arrêté. Le 28, il avait été décidé, pour que l’action trouvât dans l’unité de direction une chance de plus de succès, que le général Debeney, commandant la 1re armée française, serait mis sous les ordres du maréchal Haig qui, ce jour là même, recevait et