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bordait, puis franchissait de Passel à Evricourt, tandis que Lassigny, précipitamment abandonné par l’ennemi était, ce 22 même, occupé.

Ainsi, en trois jours, les deux armées avaient créé du Nord- Ouest de Soissons à l’Ouest de Lassigny, une poche de plus de douze kilomètres de profondeur, menaçante tout à la fois pour les corps ennemis qui occupaient entre Aisne et Ailette les plateaux et le Chemin-des-Dames, et pour la XVIIIe armée allemande tenant, on le sait, la ligne de Noyon à Roye.

Celle-ci se trouvait d’autant plus exposée que, menacée sur son flanc gauche, elle voyait son flanc droit découvert par l’éclatante défaite essuyée, sur ces entrefaites, au nord de la Somme par les XVIIe et IIe armées allemandes devant les 3e et 4e armées britanniques.


Le maréchal Haig avait préparé l’attaque avec ce « souci de ne rien laisser au hasard » dont se fait gloire l’état-major britannique ; son plan consistait à menacer l’ennemi dans le saillant qui, grâce aux progrès faits, du 8 au 12 août, au Sud de la Somme et à la possession des collines au Sud d’Arras, se dessinait entre cette ville et Bray-sur-Somme.

Une attaque partielle serait, au premier jour, lancée au Nord de l’Ancre pour obtenir la ligne générale du chemin de fer d’Arras à Albert sur laquelle était établie la position principale de résistance ennemie. Lorsque, le jour suivant, les troupes et les canons auraient été devant ce front mis en position, et la 4e armée britannique poussée entre Somme et Ancre, on passerait à l’attaque principale qui serait menée par la 3e armée et la gauche de la 4e armée au Nord de la Somme et soutenue au Sud de la rivière, par la droite de Rawlinson.

Dès que les progrès de la 3e armée le permettraient la 1re armée (Horne), plus au Nord, étendrait le front d’attaque. Se couvrant de la Sensée à gauche, la droite de cette armée « attaquerait à l’Est d’Arras et, débordant par le Nord l’extrémité Ouest de la position Hindenburg, forcerait l’ennemi à une nouvelle retraite. »

Plus peut-être que de l’attaque Mangin, entre Aisne et Oise, le maréchal Foch attendait de l’attaque britannique entre Somme et Scarpe, le coup qui contraindrait l’Allemand à achever