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Mangin portait sa ligne du sud de Carlepont à Nouvron-Vingré en passant par Nampcel et, le 19, arrondissait son gain par la prise de Morsains. Mais c’était au 20 que l’attaque à fond restait fixée : elle porterait sur la position principale de l’ennemi qui s’étendait en profondeur jusqu’à la ligne Sampigny-Cuts-Clérancourt-Vézaponin-Tartiers-Guisy en Almont. Ce fiont atteint, on poursuivrait l’ennemi de façon à atteindre l’Oise, l’Ailette et les rebords du plateau de Juvigny. Déjà les chars d’assaut étaient sous pression.

L’attaque fut foudroyante : malgré une très vive résistance. l’Allemand fut bousculé sur une profondeur variant de 4 a 5 kilomètres : 8 000 prisonniers restant entre nos mains avec 100 canons attestaient sa surprise et, une fois de plus, notre valeur. Nos soldats tout fumants de ces combats aspiraient à marcher plus avant, et Mangin n’était pas homme à les retenir. On renforçait son armée. Elle continuerait, le 21, ses assauts. Le plateau était en grande partie conquis : il ne s’agissait plus, du côté de l’Oise comme de l’Ailette, que de s’assurer les pieds des pentes.

Dans la nuit du 20 au 21, Caisne avait été enlevé, au jour Montel et Choisy, avant midi, Cuts, Camelin, Le Fresne ; se jetant aux trousses de l’ennemi délogé, on atteignait Bretigny, Quiercy, Manicamps. Le 7e corps, au cours d’une poursuite sans arrêt enlevait Blérancourt et Saint-Aubin, et si les 30e et 1er corps étaient un instant arrêtés, dans la nuit, l’attaque vigoureusement poussée atteignant l’Ailette entre Quiercy-Basse et l’Avalaire ; le succès, immédiatement exploité, aboutissait à un notable élargissement de gain à gauche vers Trosly-Loire et à droite, vers la ferme Montel et Cuny. Enfin, couronnant le 22 cette admirable série de vigoureuses actions, l’armée Mangin étendait son action à droite et à gauche, tout en l’accentuant en profondeur, dessinant de Pommiers sur l’Aisne à Varennes sur l’Oise un énorme demi-cercle qui passait par Basly, Taucourt, Bagneux. Pont-Saint-Mard. Quincy-Basse, Trosly-Loire et l’Ailette. Le 23, la 10e armée victorieuse bordait l’Ailette.

Cependant, l’armée Humbert, à sa gauche, profitant de sa progression, avait, le 21, violemment repris l’offensive. Des le soir, sa droite atteignait, de Chiry-Ourscamp aux pentes Nord de Plémont, une ligne qui. le 22, était portée à la Divette qu’on