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convaincre que ces premiers succès, loin de paraître suffisants à nos alliés, les excitaient à poursuivre leur dessein sans trêve ni arrêt ; dès le lendemain, sir Julian Byng poursuivrait ses attaques qu’appuierait sir Henry Rawlinson. Aucune limitation n’était proposée à l’esprit d’entreprise de ces vaillants chefs ; ils avaient pour mission, — très large, — d’atteindre le plus possible la ligne encore lointaine : Quéant-Velu-Péronne. Quant au général Horne, il se préparait à passer à l’attaque au delà de la Scarpe pour le 26. Le commandant en chef des armées alliées ne pouvait qu’approuver ; il applaudissait à l’ordre très ferme de Haig et à sa conclusion : « L’ennemi subit actuellement une pression de la Scarpe à Soissons, et il est essentiel, en conformité du plan général d’opérations, qu’il soit attaqué sans interruption et avec la plus extrême résolution. »

L’ennemi, incertain, troublé, montrait son émoi en repliant depuis trois jours ses troupes dans la région de la Lys. où, grâce à d’heureux artifices, il persistait à se croire menacé.

C’était cependant entre Scarpe et Somme que, le 22, il reçut le coup terrible, qui, exploité les 24, 25 et 26, allait transformer sa défaite en déroute.

C’était, cette fois, sur un front de 53 kilomètres que les Britanniques l’assaillaient, du Nord de Lihons où ils se liaient maintenant à l’armée Debeney, à Mercatel où le segment de la « ligne Hindenburg, » partant de Quéant et de Bullecourt, atteignait l’ancienne ligne Arras-Vimy de 1916. Plus de cent tanks étaient répartis par groupes sur ce beau front d’attaque. Mais on éprouvait encore plus de sécurité à voir s’ébranler ces masses de l’infanterie britannique, et le souvenir de ce départ arrache à leur chef suprême un cri d’admiration bien légitime : « Sur le sol même qui avait vu la grandeur de leur acharnement dans la défensive, elles se portèrent à l’attaque avec une vigueur inlassable et une inébranlable détermination que ni l’extrême difficulté du terrain, ni la résistance obstinée de l’ennemi ne purent ni briser ni diminuer. »

A 4 h. 45, le corps australien attaquait au Sud de la Somme, enlevant Herleville, Chuignolles et Chuignes, avec 2 000 prisonniers, et, au cours de violents combats, infligeant à l’ennemi les pertes les plus sanglantes. Cependant, les 3e et 5e corps, reprenant leur attaque dans la région d’Albert,