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Le maréchal Foch, enregistrant avec joie les résultats déjà acquis, félicitait chaudement le vainqueur et en profitait pour pousser à étendre sans cesse la bataille : « Vos affaires vont très bien. Je ne puis qu’applaudir à la manière résolue dont vous les poursuivez, sans laisser de répit à l’ennemi et en étendant toujours la largeur de vos actions. C’est cette étendue croissante d’une offensive nourrie par derrière et fortement poussée en avant, sans objectif limité, sans préoccupation l’alignement et d’une liaison trop étroite, qui nous donnera les plus grands résultats avec les moindres pertes, comme vous avez parfaitement compris. Inutile de vous dire que les armées du général Pétain vont repartir immédiatement dans le même style. »

La bataille continuait avec une magnifique ardeur les 25, 26, 27 et 28. L’ennemi opposait, à la vérité, une résistance acharnée, contre-attaquant violemment ici, là défendant jusqu’à toute extrémité par ses mitrailleuses les positions attaquées. Les Britanniques brisaient peu à peu cette résistance. Bapaume, dont les abords avaient été disputés avec âpreté, ne tombait que le 29 au matin entre leurs mains. Ce jour-là, les Allemands, cédant sur toute la ligne, lâchaient pied sur un front considérable, du Nord de Bapaume à la Somme. Le 30, le front des 4e et 3e armées britanniques passait par Cléry-sur-Somme, la lisière Ouest des Bois Marrières, Combles, Lesbœufs, Rancourt, Frémicourt, Vrancourt, les lisières Ouest d’Ecourt, Bullecourt et Hendecourt.

Dès le 26, l’ennemi, menacé par la victoire anglaise sur son flanc droit et la victoire française sur son flanc gauche, avait commencé l’énorme mouvement de repli attendu par les États-majors au Sud de la Somme. Le soir du 29, les 4e armée britannique, 1re et 3e armées françaises, suivant l’ennemi et le talonnant après avoir occupé Flaucourt, Belloy-en-Santerre, Roye et les massifs boisés du Noyonnais, dépassaient Barleux, dépassaient Nesle. Péronne et Ham étaient, de ce fait, nettement menacés. Déjà, la « bataille de Péronne » se préparait pour les journées suivantes et l’armée Mangin, au Sud, s’apprêtait, sur les instructions de Fayolle, à « rompre le front ennemi entre l’Aisne et Saint-Gobain, « Laon lui étant donné comme objectif. Elle ne stoppait que pour ramasser ses forces pour un nouvel assaut.