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En attendant, les résultats de l’action par les ailes étaient tels que, sans les dépasser, ils réalisaient exactement la pensée qui avait inspiré cette magnifique manœuvre. De la Scarpe à l’Aisne, elle avait, par une série de superbes succès, rendu tous les jours si pressantes les menaces suspendues sur la XVIIIe armée allemande que celle-ci, se tenant encore, le 12 août, pour assurée de se pouvoir maintenir sur des positions entre Somme et Oise, avait dû les évacuer ; elle ne l’avait pu faire facilement, grâce à l’attitude offensive des armées Rawlinson, Debeney et Humbert ; ses fortes arrière-gardes, couvrant une retraite précipitée, avaient grandement souffert, et c’était dans un indescriptible état d’épuisement que les soldats de von Hutier atteignaient, le 30 au soir, leur ligne de repli, de l’Ouest de Péronne à l’Est de Noyon.

Mais les Britanniques ne s’arrêtaient pas. Cette ligne de repli allemand déjà allait être ébranlée par un coup porté à l’un des piliers où elle s’appuyait, le Mont Saint-Quentin, défense principale de Péronne. Les Australiens, jetés à l’assaut dans la nuit du 30 au 31, après un combat livré en pleines ténèbres, emportaient de haute lutte, avec 1 500 prisonniers, la redoutable position, admirable exploit, qui mériterait d’arrêter plus longtemps l’historien. De ce fait, Péronne était rendu presque intenable à l’ennemi. Le 31, une attaque était lancée contre la ville ; en dépit d’une résistance acharnée, après une lutte sanglante, les abords de Péronne étaient conquis et, le 1er septembre, les troupes australiennes entraient dans la ville. Cependant, coopérant à l’opération sur le Mont Saint-Quentin, la gauche de l’armée Rawlinson avait, au Nord de la Somme, conquis Rouchavesnes, Rancourt et Frégicourt, assurant ainsi contre toute tentative de réaction les troupes occupant Péronne.

Ainsi, avant même qu’il eût pu s’y établir solidement, l’ennemi voyait sa position de repli ébranlée par un coup terriblement sensible. Avant une semaine, grâce à un nouvel effort, la position entière allait s’écrouler sous les coups de cinq armées alliées.


VERS LA POSITION HINDENBURG.
27 AOUT — 6 SEPTEMBRE

« La désorganisation produite par nos attaques des 8 et 21 août, écrit le maréchal Haig, avait augmenté sous la pression