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M. Le Febvre, secrétaire de l’ambassade, pour exposer les faits et amener d’urgence le remplaçant de Malet.

Le 14 mai, dans une lettre particulière, Malet écrit : « Je désespère de vous revoir à Rome, étant remplacé dans la division par M. l’adjudant commandant Ramel. Je dois partir sous deux jours pour me rendre à Milan. » Arrivé à Milan, il assure avoir été empêché par la fièvre, durant plus d’un mois, de soumettre au prince vice-roi sa justification ; cela est à présent l’affaire de six paragraphes, de six lignes chacun, où il énonce certains faits qui lui sont reprochés, mais les uns pour les nier, les autres pour les défigurer. D’ailleurs, il prend les choses du ton léger et ne semble pas vouloir s’y attacher. Il n’est pas encore à combiner cette extraordinaire conspiration qu’il accusera Alquier et les prêtres de toutes couleurs d’avoir formée contre lui, car une des premières lettres qu’il écrit de Milan, est adressée à Son Eminence le cardinal Casoni, secrétaire d’État de Sa Sainteté. « M. le cardinal, écrit-il, ce n’est qu’à Milan que j’ai appris que j’avais été rappelé de Rome à la demande de Sa Sainteté. Je ne puis dissimuler à Votre Eminence que j’ai été très sensiblement affecté de cette démarche que je ne croyais pas avoir méritée, ayant toujours fait, pendant que je commandais les troupes françaises dans les États romains, tout ce que je savais pouvoir être agréable à Sa Sainteté et j’avoue que mon cœur était satisfait de pouvoir lui donner des preuves de mon dévouement. Il n’y a donc que le prétendu jeu qui a pu déterminer Sa Sainteté à une démarche si outrageante pour moi. » Après des explications confuses à ce sujet et des attaques singulièrement violentes contre M. Alquier, il termine ainsi : « Je prie Votre Eminence de bien vouloir faire connaître à Sa Sainteté la peine que j’éprouve d’une démarche à laquelle, je me plais à le croire, elle n’a été portée que par une impulsion étrangère à son cœur, en l’assurant que rien ne diminuera le respect que je dois à son caractère sacré et ma vénération pour ses vertus personnelles. »

Dès le 27 mai, Malet a été suspendu de ses fonctions. Sous prétexte de maladie, il prolonge son séjour à Milan, au lieu de se rendre à Turin où il doit se mettre à la disposition du gouverneur général. De Milan, sentant que le terrain se dérobe, il écrit à Stamaty des lettres comminatoires. Il adopte un système de défense qui consiste à nier les ordres qu’il a donnés, à