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La 1re armée britannique allait se trouver ainsi aux prises avec les IVe et VIe armée allemandes (Sixt von Arnim et von Quast), fortement enflées.

Là encore, le brouillard joua son rôle : la 2e division portugaise fut complètement surprise ; en quelques instants, l’ennemi avait bousculé les premières lignes, et, faisant irruption dans la deuxième position, élargissait par ailleurs son attaque. Les divisions britanniques, de ce fait, attaquées, étaient de ces divisions fatiguées, depuis peu sorties des combats de la Somme. Elles furent, en peu de temps, à leur tour entamées ; déployant le même courage opiniâtre qu’au 21 mars, les Britanniques se défendirent par groupes isolés jusqu’à la mort ; les Allemands, ayant écrasé les Portugais, étaient arrivés si rapidement sur la deuxième position que « les dispositions prises pour garnir de troupes britanniques les organisations arrière purent à peine être exécutées à temps. » Ces troupes n’en résistèrent pas moins à Lacouture, Vieille-Chapelle et Huit-Maisons avec tant de ténacité, qu’elles permirent à deux divisions d’entrer en action à l’Est de la Lawe entre le Truet et Estaires. Mais elles trouvaient déjà, à l’Est d’Estaires, l’ennemi maître de la rive droite de la rivière. Les troupes de renfort furent refoulées à leur tour sur la Lys qui déjà était forcée à Estaires et à Pont-Riqueul.

A la fin de la journée, l’attaque avait réalisé une avance sensible, car le front, jalonné la veille, du Sud au Nord, par Givenchy, Neuve-Chapelle, Bois-Grenier, s’infléchissait de Givenchy vers une ligne Festubert, Lacouture, rive de la Lys, Sailly-sur-Lys, Fleurbaix, Bois-Grenier, — la Lys étant passée en deux points.

Le 10, l’attaque était poussée très vivement au Sud de la Lys et étendue fort au Nord jusqu’aux enviions d’Hollebeke — sur le flanc du saillant d’Ypres. Car tandis qu’on se battait encore furieusement dans les rues d’Estaires, les positions au Nord d’Armentières et à l’Est de Messines étaient enlevées, Messines et Ploegstert emportés, Armentières évacuée. La poche se creusait fortement vers Vieille-Chapelle, Lestrem, Estaires : le front, refoulé à Steenwerck de près de 10 kilomètres, passait à Nieppe, Messines, Wyttshaete et Hollebeke. De ce fait, la 2e armée britannique (Plumer) était à son tour englobée dans la bataille qui prenait d’inquiétantes proportions. Le saillant